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Quand les États-Unis considèrent les "gamers" comme des athlètes professionnels

Un Canadien de 20 ans, star du jeu vidéo en ligne "League of Legends", a obtenu un visa de travail pour rejoindre un club professionnel basé aux États-Unis. Les équipes qui concourent aux tournois peuvent empocher 2 millions de dollars.

Les vedettes internationales du baseball, du hockey ou du basket-ball désireuses de signer dans des grandes équipes américaines reçoivent depuis longtemps un traitement de faveur de la part des services d’immigration des États-Unis. À ces disciplines sportives s'ajoute désormais la pratique des jeux vidéo. Danny "Shiphtur" Le, un Canadien de 20 ans devenu l'un des meilleurs joueurs du monde de "League of Legends", a obtenu le 29 mai un visa de travail pour rejoindre son équipe basée aux États-Unis, rapporte le "Los Angeles Times". Une décision du Service de la nationalité et de l'immigration des États-Unis (USCIS) saluée comme la reconnaissance d’un nouveau sport professionnel.

Jusque-là, les "gamers" internationaux n’arrivaient à obtenir que des visas touristiques pour participer aux tournois et pouvaient repartir avec leurs gains. Il leur était cependant impossible d’être salariés d’un club. Riot Games, le développeur de "League of Legends", a apporté un soutien juridique à Danny Le jusqu’à ce qu’il obtienne le précieux sésame : un visa P-1A, créé pour "enrichir le paysage culturel national" en invitant des "personnes talentueuses" à se produire aux États-Unis.

De simple jeu développé par l’entreprise Riot Games, basée à Santa Monica en Californie, "League of Legends" est probablement devenu un des jeux en ligne les plus célèbres. Chaque jeudi et vendredi, dans un studio de télévision de l’ouest de Los Angeles, huit équipes s’affrontent. Les parties sont diffusées en ligne et attirent plus de 1,7 million de visiteurs uniques. À titre de comparaison, un match de hockey lambda retransmis sur NBC n’attire que le quart de cette audience. Des spécialistes du jeu en ligne estiment que plus de 32 millions de personnes jouent à ce jeu à travers le monde, dont près de la moitié aux États-Unis.

"League of Legends", un spectacle de masse

Dans cette compétition internationale où l’équipe qui l’emporte peu empocher la coquette somme de 1 million de dollars, la possibilité de faire signer les meilleurs joueurs – Canadiens, Sud-Coréens ou encore Russes – était donc devenue nécessaire pour les équipes américaines. D’autant que pour concourir dans le championnat national professionnel, les cinq membres de l’équipe doivent être physiquement réunis.

Danny Le vit désormais à Riverside, à l’est de Los Angeles, où il peut s’entraîner avec ses quatre coéquipiers et leur entraîneur. En dehors d’une séance de sport matinale et d’une permission de sortie en soirée, ils passent près de huit heures par jour devant leur écran à parfaire leurs personnages et le maniement des armes virtuelles. Mais Danny Le n’est plus le seul "gamer" à recevoir le traitement de faveur jusqu’alors réservé aux athlètes. Une poignée d’autres de ses confrères a réussi à obtenir à son tour un visa P-1A, parmi lesquels, un Argentin et un Arménien, précise encore le "Los Angeles Times".

Le championnat du monde de "League of Legends", grand rendez-vous annuel du jeu, se tiendra en public le 4 octobre 2013 dans l’arène du Staples Center, au cœur de Los Angeles. Près de 10 000 fans sont attendus sur place et des dizaines de millions de personnes devraient suivre l’évènement en ligne. Total des gains en jeu : 2 millions de dollars.