Le serial inventeur Elon Musk a présenté, lundi 12 août, les détails de son hyperloop, un nouveau moyen de transport qualifié de révolutionnaire qui permettrait d’aller de San Francisco à Los Angeles en 35 minutes pour seulement 20 dollars.
Aller de Los Angeles à San Francisco en seulement 35 minutes, ce serait possible à en croire le milliardaire Elon Musk. Il suffit simplement de construire l’Hyperloop, le nouveau moyen de transport dont ce "serial entrepreneur" d’origine sud-africaine a dévoilé les plans lundi 12 août. Après avoir cofondé le site de paiements en ligne PayPal, s’être lancé à l’assaut du voyage spatial touristique avec sa société SpaceX et avoir rendu “cool” les voitures électriques grâce à sa marque Tesla, l’homme d’affaires veut désormais ringardiser les chemins de fer.
L’hyperloop est probablement le pari le plus ambitieux à ce jour d’Elon Musk. Il s’agit d’une sorte de TGV dopé à l’EPO qui pourrait atteindre la vitesse de 1287 km/h (plus de deux fois plus rapide qu’un TGV). De quoi, si ce projet venait à se concrétiser, redessiner la carte des transports en commun. Du moins en partie, puisqu’Elon Musk a jugé, lundi, que son invention ne serait économiquement viable que pour des distances de 1500 km maximum.
Les plans de l’hyperloop semblent tout droit sortis d’un film de science fiction. Cet Ofni (Objet flottant non identifié) consiste en un gros tube dans lequel des capsules montées sur des coussins d’air transportent les passagers. Un système similaire à un canon à propulsion électromagnétique avec des aimants situés aussi bien sur les parois du tube que sur les capsules permettrait à ces “rames” du futur d’avancer.
Los Angeles-San Francisco pour 20 dollars
Trop accaparé par ses fonctions de PDG de SpaceX et Tesla, Elon Musk se refuse à donner lui-même corps à son bolide dont la construction prendrait, d'après lui, entre deux et dix ans. Pour inciter des entrepreneurs à se jeter à corps perdu dans l'aventure, le "Géo Trouvetou" américain s'emploie à mettre en avant les avantages de ce qu'il considère comme un “cinquième moyen de transport” (en plus du train, du bateau, de l’avion et de la voiture). L'appareil est plus rapide que les autres, ne présente quasiment aucun risque d’accident (pas de déraillement possible, insensibilité aux intempéries...) et, surtout, serait économiquement très avantageux. Le billet pour un trajet San Francisco-Los Angeles reviendrait à 20 dollars (15 euros) et la construction d’une ligne “Hyperloop” entre ces deux villes coûterait 6 milliards de dollars (4,5 milliards d’euros). Un montant sensiblement inférieur aux 68 milliards de dollars du projet de train très rapide qui doit relier d’ici 2029 San Francisco à Los Angeles.
Une comparaison qui n’a pas été du goût des défenseurs du California High Speed Rail Project (projet de train à grande vitesse californien). “L’Hyperloop pose tellement de problèmes que je ne sais même pas par où commencer”, écrit le blogueur californien Robert Cruickshank, un fervent partisan du projet de train à grande vitesse, qui se fait fort de rappeler que le tracé d'Elon Musk ignore totalement San Francisco et Los Angeles intra muros. Autre désagrément : la construction de l'ouvrage risque fort de ne pas faire que des heureux parmi les “voisins” du futur tube, qui devrait être construit sur des piliers de six mètres de haut conçus pour résister aux séismes qui frappent régulièrement la Californie. “Personne n’aurait envie de ça dans son jardin”, écrit Robert Cruickshank.
“Fumisterie” ?
Les pro-rails ne sont pas les seuls à trouver Elon Musk trop optimiste. Certains ont été prompts à sortir leur calculette et jugent le coût sensiblement sous-évalué. Ainsi le "Washington Post" a du mal à croire qu’acheter des milliers d’hectares de terres en Californie pour pouvoir y construire le fameux “tube” ne coûterait que 1 milliard de dollars comme le prévoit Elon Musk. “Surtout que certains fermiers, peu désireux de vendre, vont faire monter les enchères”, souligne le quotidien.
Le calendrier proposé par le projet hyperloop semble également en dérouter plus d’un. “S’il s’agissait simplement de construire les infrastructures, c’est en effet réalisable en moins de dix ans, mais il y a tant d’autres facteurs à prendre en compte”, souligne le blog américain Stop and Move spécialisé dans les moyens de transport. Il faudrait, d’après ce site, ajouter une ou deux années supplémentaires pour que la technologie envisagée soit testée par des experts indépendants, en compter encore quelques autres pour arriver à un compromis politique sur le tracé du tube et laisser encore du temps aux autorités pour vérifier la sécurité de ce nouveau moyen de transport. En clair, estime “stop and move”, “à l’heure actuel le projet hyperloop est soit une blague de mauvais goût soit une vaste fumisterie”.