Le dirigeant nord-coréen Kim Jung-un a visité, le 10 août, l’usine où est censé être fabriqué Arirang, présenté comme le premier smartphone conçu dans le pays. Une réponse à l'intérêt croissant des Nord-Coréens pour les téléphones portables.
Arirang n’est plus seulement le nom de l’une des chansons folkloriques les plus populaires en Corée du Nord. Dorénavant, c’est aussi celui du premier smartphone “made in North Korea”. Du moins c’est ainsi que l’a désigné, dimanche 11 août, Kim Jung-un, le leader du pays, lors d’une visite à l’usine où ce téléphone est censé être fabriqué.
L’Arirang rejoint l’armada des smartphones Android (le système d’exploitation gratuit du géant américain Google). Il n’est certes probablement pas équipé des dernières innovations technologiques embarquées sur les Samsung Galaxy S4 ou HTC One. Mais Kim Jung-un s’est, d’après l’agence de presse officielle KCNA (Korean central news agency), montré particulièrement enthousiaste à l’égard de l’appareil photo “qui contient beaucoup de pixels”.
Il a aussi, toujours d’après la KCNA, souligné à plusieurs reprises “le sentiment de fierté nationale” ou “l’enthousiasme patriotique” que la population doit ressentir après cette percée technologique prétenduement 100 % nord-coréenne.
Une appellation d’origine contrôlée qui laisse la plupart des observateurs du pays sceptiques. Le site North Korea Tech relève ainsi que les photos officielles de la visite ne montrent jamais un ouvrier en train d’assembler les composants de l’Arirang. “Ce smartphone est très probablement conçu en Chine puis expédié à l’usine du 11-Mai où il est inspecté avant d’être mis en vente”, conclut le site. La même mise en scène avait d’ailleurs déjà été utilisée il y a deux ans, lorsque Kim Jung-un s’était réjoui de la construction dans l’usine du 11-Mai de téléviseurs à écran plat. Déjà à l’époque, les commentateurs estimaient que l’essentiel du travail était, en réalité, effectué en Chine.
Marché noir
Si le lieu de construction laisse perplexe, il en va de même du public visé par ce nouveau smartphone. La plupart des Nord-Coréens n’ont, en effet, pas le droit de souscrire à un abonnement téléphonique qui permet de se connecter à Internet, rappelle le "Washington Post". Sans accès au Net, un smartphone ne peut pas faire grand chose de plus qu’un téléphone traditionnel, à part prendre des photos. Le pays a certes introduit en février la possibilité d’utiliser une connexion 3G depuis un smartphone... mais uniquement pour les touristes.
Des restrictions qui n’empêchent pas les Nord-Coréens de s’équiper de plus en plus en téléphones portables. Depuis 2011, le nombre officiel d'utilisateurs est passé de 500 000 à plus de 2 millions (soit un peu moins d’un dizième de la population). Dans la foulée de l’intérêt pour ce “nouveau” moyen de communication, certains se sont alors tournés vers les smartphones chinois vendus sur le marché noir. De quoi, d’après le site spécialisé dans les nouvelles technologies Wired, se connecter à des réseaux 3G en s’approchant de la frontière chinoise.
Ils peuvent alors communiquer hors des frontières. Une manière de contourner le contrôle très strict que le régime a mis en place. C’est pourquoi, d’après le "Washington Post", Arirang n’est pas qu’une opération de communication à destination des pays occidentaux. Ce nouveau smartphone approuvé par Kim Jung-un permet à Pyongyang de tenter de court-circuiter les réseaux de ventes parallèles de smartphones en proposant un modèle officiel.