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Les frères Lavillenie vont participer ce lundi à la finale de la perche aux Mondiaux d'athlétisme à Moscou. Alors que l'aîné Renaud va tenter de décrocher son premier titre mondial, le cadet Valentin savoure sa première grande compétition.
Un petit conseil glissé à l’oreille, un coup de main pour accrocher son dossard et un bon coup de gueule pour se motiver. Sur le sautoir du stade Loujniki à Moscou, Renaud n’a pas arrêté samedi 10 août de couver son cadet Valentin lors des qualifications de la perche. Un soutien qui s’est révélé payant. Les frères Lavillenie ont tous les deux décroché leur billet pour la finale des championnats du monde. Vingt ans après Sergueï et Vasiliy Bubka lors des Mondiaux de Stuttgart, les deux Français vivent aussi ce rendez-vous international en famille.
"C’était plus intense entre nous que d’habitude. Nos accolades étaient sincères et pures, ce n’était pas pour les caméras. On était tous les deux heureux. Après chaque saut, Renaud était le premier à me féliciter ou à me dire de me bouger le cul", raconte Valentin aux médias après sa qualification. La famille Lavillenie a pourtant tremblé. Alors que Renaud, champion olympique à Londres, a effacé 5m65 à son deuxième essai, son petit frère a failli quitter le concours à 5m25 avant de finalement réussir à franchir 5m55 à sa deuxième tentative pour gagner sa place en finale. "J’avais clairement envie qu’il passe et j’ai tout fait pour que ça arrive. Je n’avais pas le droit de sauter à sa place, c’est dommage", plaisante Renaud, satisfait de cette belle performance.
Dépasser la rivalité entre frères
Très soudés sur la piste, les deux perchistes sont pourtant très différents. Même s’ils ont appris ensemble les rudiments de leur sport dans le jardin familial en Charente sous les conseils de leur père, Gilles, les frères ont développé des caractères très opposés. Alors qu’à 27 ans Renaud est concentré et introverti, Valentin, 22 ans, est exubérant et fonceur. "Je peux aller courir tout nu dans les rues de Moscou, je n’en ai rien à faire… Renaud par contre est plus réservé", résume le cadet.
Les sportifs ont d’ailleurs mis du temps avant de s’apprivoiser et de construire un esprit de camaraderie. Pendant longtemps, ils se sont querellés et continuellement affrontés. D’un tempérament plus rebelle, Valentin a grandi dans l’ombre de son frère, ce grand champion qui enchaîne les victoires. Comme il le confiait il y a quelques mois au "Journal du Dimanche", l’apprenti perchiste a dû apprendre à sauter pour lui et non contre son aîné : "Longtemps, je ne voyais pas la barre, je le voyais lui. C’est lui que je voulais dépasser. Cela marchait mais ce n’était pas la solution. Il fallait que je sorte Renaud de moi, que je prenne du plaisir".
"Champagne !"
Preuve de leur complicité retrouvée, les deux athlètes s’entraînent ensemble depuis fin 2011 à Clermont-Ferrand. Inséparables, ils se complètent et se rassurent mutuellement. Il y a un an, dans le stade olympique de Londres, Renaud, en larmes, s’est dirigé tout de suite dans les bras de son petit frère qui assistait à son sacre dans le public.
Même s’ils seront désormais adversaires ce lundi 12 août (à partir de 17 heures) lors des Mondiaux de Moscou, les deux frères ne comptent pourtant pas changer d’attitude. De toutes façons, comme le rappelle Renaud, les enjeux ne sont pas les mêmes. Alors que l’aîné vise son premier sacre mondial, Valentin vit seulement son baptême du feu : "Il faut quand même remettre les choses en ordre, sans être méchant pour Valentin. Actuellement, avec 5,55m en qualifications, il est à son niveau. Il faudrait qu’il se passe quelque chose de tonitruant pour qu’on soit sur la boîte à 5,70m. Mais déjà, honnêtement, si j’ai mon titre, avec Valentin finaliste, le champagne risque de couler correctement lundi soir parce que ce sera juste énorme !".