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Face au chaos de la Centrafrique, l'ONU envisage des sanctions

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit, mercredi, se pencher sur la situation en Centrafrique, où la situation humanitaire et sécuritaire est chaotique depuis le coup d’État de mars dernier.

Les ONG tirent la sonnette d’alarme depuis des mois. Mercredi 14 août, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit enfin pour évoquer la situation en Centrafrique, et étudier d'éventuelles sanctions contre l’ex-coalition rebelle au pouvoir.

Dans un rapport, qui doit être présenté mercredi devant le Conseil de sécurité, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qualifie d’inadmissible "l’absence totale d’État de droit" en République de Centrafrique, depuis la prise du pouvoir par la Séléka ("alliance", en sango), qui a renversé le président François Bozizé le 24 mars 2013.

"J’invite le Conseil de sécurité à envisager les options appropriées, y compris l’adoption de sanctions ou la mise en place d’un comité d’experts, afin de garantir qu’il n’y ait pas d’impunités pour les responsables de violations flagrantes de droits de l’Homme", écrit Ban Ki-moon dans ce rapport, appelant la communauté internationale à réagir d'urgence. "Rétablir la paix et la sécurité à Bangui et dans tout le pays est une priorité."

1,6 million de personnes vivent dans la faim

Dans les campagnes, où la pénurie de médicaments est particulièrement forte, les centres de soin ont pour la plupart été détruits. L’insécurité alimentaire, déjà préoccupante avant le soulèvement de la rébellion, fin 2012, est devenue alarmante. Plus de 1,6 million de Centrafricains se trouvent dans un besoin urgent d’assistance et 12 000 enfants souffrent de "malnutrition aiguë", selon l’ONU.

Les déplacés à l’intérieur des frontières de la Centrafrique se comptent par centaines de milliers. Selon le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), plus de 60 000 Centrafricains auraient également fui vers les États voisins, dont environ 40 000 au Cameroun.

Seule la capitale Bangui semble ne pas être totalement en proie à l'anarchie. "Au-delà de Bangui, il n'y a ni police, ni système judiciaire, ni services sociaux. La sécurité est pratiquement inexistante et la population vit dans un état de peur permanent", affirmait le secrétaire général adjoint de l'ONU aux droits de l'Homme, Ivan Simonovic, le 1er août dans un communiqué, après une visite de quatre jours dans le pays.

Pillages, viols, enlèvements

Mais même à Bangui, la sécurité est chancelante. Les habitants vivent dans la peur des pillages, des viols, des agressions, des enlèvements d’enfants et des exécutions sommaires. Ban Ki-moon, fustigeant "l’impunité dont bénéficient les responsables des violences", dénonce un "effondrement de l’État de droit". Fin juin, Michel Djotodia, autoproclamé président au lendemain du coup d’État et non adoubé par la communauté internationale, a fait l’aveu de sa propre impuissance à tenir ses hommes ; il a fait appel à la France. Des patrouilles mixtes, composées de soldats centrafricains et de membres de la Force multinationale de l’Afrique centrale (Fomac, force remplacée en août par la Misca, Mission internationale de soutien à la Centrafrique), appuyés par les forces françaises, ont été mises en place pour sécuriser Bangui.

Pour ne rien arranger, de profondes divisions règnent au sein de la Séléka, au pouvoir. Le Premier ministre Nicolas Tiangaye et le président Michel Djotodia, contraints de cohabiter après les accords de Libreville signés sous l'égide de l’Union africaine, sont à couteaux tirés. "Je demande au Premier ministre et à M. Djotodia de travailler ensemble à surmonter d’urgence leurs divergences", a exhorté Ban Ki-moon dans son rapport. Une action gouvernementale efficace est d’autant plus urgente que l’Union européenne, qui a promis une aide de 20 millions d’euros au pays, a conditionné son versement au retour de la sécurité dans le pays.