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Obama : avec Poutine au pouvoir, "le sentiment anti-américain a augmenté"

Barack Obama s'est exprimé vendredi sur les relations entre Washington et Moscou, qui se sont dégradées "depuis que Vladimir Poutine est redevenu président". Il a aussi proposé d'amender le Patriot Act suite à l'affaire Snowden.

À la veille de son départ en vacances, le président Barack Obama s’est exprimé vendredi 9 août lors d’une conférence de presse très attendue sur les suites de l’affaire Snowden, les programmes de surveillance américains et le coup de froid entre Washington et Moscou.

Obama contre le boycott des Jeux de Sotchi

Barack Obama s’est dit choqué de la loi "anti-propagande gay" votée en juin par le Kremlin.

Il appelle en revanche les athlètes américains à ne pas boycotter les Jeux olympiques de Sotchi en Russie en février 2014 comme il en était question, notamment dans la presse américaine, ces dernières semaines.

Sur ce dernier point, le président américain n’a pas mâché ses mots. Il a notamment déclaré que les relations russo-américaines s’étaient dégradées depuis que Vladimir Poutine avait été réélu à la présidence. "Il y a eu beaucoup de travail positif lors de mon premier mandat avec Dimitri Medvedev comme l’élaboration du traité Start II […] Mais depuis que Vladimir Poutine est redevenu président, il y a une augmentation de la rhétorique anti-américaine qui a relancé les stéréotypes de la Guerre froide. J’invite Monsieur Poutine à penser à l’avenir et à ne pas ressasser le passé."

Besoin d’une "pause" dans les relations russo-américaine

Depuis que la Russie a accordé un asile temporaire à l'ex-consultant de la CIA Edward Snowden fin juillet, Obama a annulé son entrevue avec son homologue russe prévue dans le cadre du G20 de Saint-Pétersbourg en septembre. Un geste diplomatique rarissime qui ne s’était pas vu depuis l’ère soviétique. Mais le président américain l’assure : "il ne s’agit pas d’une mesure punitive liée à l’affaire Snowden." Il souhaite désormais "marquer une pause" et "réévaluer" les relations entre Washington et Moscou.

Dans le même temps, les secrétaires d'État et à la Défense John Kerry et Chuck Hagel et leurs homologues russes, Sergueï Lavrov et Sergueï Choïgou, ont joué la carte de l’apaisement en se rencontrant, vendredi à Washington. "L'humeur générale était très positive, ce qui inspire l'optimisme", a assuré Sergueï Lavrov qui a affirmé qu'il n'y avait "pas de Guerre froide" avec les États-Unis.

Quatre mesures pour revoir les programmes de surveillance

Concernant les programmes de surveillance des communications, Barack Obama a annoncé "quatre mesures concrètes" afin de revoir intégralement les méthodes actuelles. La première d’entre elles sera d’amender le "Patriot Act", cette loi dite antiterroriste, votée sous l’administration Bush après le 11 septembre 2001, qui permet aux autorités américaines d'accéder directement aux données de sociétés américaines quel que soit leur lieu d'implantation.

Le président américain souhaite ensuite travailler avec le congrès afin de donner une place centrale aux autorités judiciaires : "un juge qui doit trancher sur la décision de lancer une écoute ne devra pas prendre en compte uniquement le point de vue du gouvernement. Les tribunaux devront mieux concilier vie privée et sécurité intérieure", explique-t-il.

"Nous exerçons notre pouvoir avec retenue"

La troisième mesure concerne la transparence. Une plateforme va être créée sur le Web par la communauté du renseignement pour "mieux comprendre ce que font nos services de renseignement", a annoncé Barack Obama. Enfin, le président veut "créer un groupe d’experts externes au gouvernement pour passer en revue l’ensemble de notre technologie de la communication et de la surveillance pour veiller à ce qu’il n’y ait pas d’abus."

L’important pour le chef d’État américain est de "montrer que de nombreux efforts sont faits" pour redonner confiance au peuple américain et à ses alliés. "Il est vrai que les États-Unis déploient des moyens extraordinaires dans le secteur du renseignement mais sachez que nous exerçons notre pouvoir avec retenue", a-t-il encore dit, cherchant ainsi à balayer le flot de critiques sur l’hégémonie américaine.