
La Commission européenne a établi un classement des pays européens selon le prix d’une minute de communication téléphonique. Les écarts sont tels que Bruxelles dénonce un dysfonctionnement du marché unique. La France est l’un des pays les plus chers.
Quelle est la différence entre une bouteille de lait et un appel téléphonique ? Pour le lait, les consommateurs paient à peu de chose près le même prix moyen dans n’importe quel pays européen (les écarts vont de 0,69 euro à 0,99 euro d'un pays à l'autre). C’est très loin d’être le cas pour le coût d’un appel téléphonique.
Les tarifs moyens pratiqués par les opérateurs téléphoniques varient énormément selon le lieu où on appelle, d'après une étude rendue publique par la Commission européenne mardi 6 août. Ainsi, les Lituaniens sont les mieux lotis puisqu’ils ne paient que 1,9 centime d’euros par minute d’appel. C’est très loin des Hollandais qui, à l’autre bout du classement, doivent débourser 14,7 centimes d’euros pour le même temps passé au téléphone. La différence de coût entre ces deux extrêmes est de 773%.
Dans ce classement, la France se positionne en sixième place des pays les plus chers. La minute y revient à 12,7 centimes d’euros, soit près de 40% de plus que le tarif moyen dans l’Union européenne (9,1 centimes d'euros).
Des mesures annoncées en septembre
“Ces chiffres montrent clairement que les 28 marchés nationaux [la Croatie a rejoint l'Union européenne le 1er juillet 2013, NDLR] des télécommunications que compte l'Europe aujourd'hui ne constituent pas un avantage pour les consommateurs comme le ferait un marché unique”, a ainsi commenté, Neelie Kroes, commissaire européenne chargée de la Stratégie numérique. Les différences de niveau de vie entre la Lituanie, les Pays-Bas ou encore la France ne suffisent en effet pas à expliquer ces écarts de prix. Ainsi les Allemands paient moins pour appeler que le prix moyen dans l’UE... et 40% de moins que leurs voisins français. Et que dire de l’Espagne, un pays frappé de plein fouet par la crise économique où le taux de chômage dépasse les 25%, et qui se hisse pourtant à la cinquième place de ce classement ?
Pour Neelie Kroes, il y a donc quelque chose de pourri au royaume de la téléphonie en Europe, et elle compte tenter d’y remédier à la rentrée. La commissaire européenne annoncera en septembre un train de mesures pour s’attaquer à ces écarts de tarifs. Pas sûr que les opérateurs qui en profitent le plus se laissent ainsi rogner leur marge de profit. En attendant le début des hostilités, FRANCE 24 a réalisé une carte des tarifs par pays et l’écart par rapport à la moyenne européenne.