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Le commandant Nidal Hasan, auteur présumé de la fusillade de la base militaire de Fort Hood, au Texas, qui avait fait 13 morts et 32 blessés en novembre 2009, comparaît à partir de mardi devant une cour martiale. Il risque la peine de mort.

Le procès du commandant Nidal Hasan, "loup solitaire d'Al-Qaïda" accusé d'avoir tué 13 personnes et blessé 32 autres en novembre 2009 sur la base militaire américaine de Fort Hood (Texas), s'ouvre mardi 6 août et pourrait durer plusieurs mois. Né en Virginie de parents palestiniens, Nidal Hasan, 42 ans, devenu paraplégique à la suite de la fusillade, encourt la peine de mort s'il est reconnu coupable.

Après avoir congédié ses avocats, cet ancien psychiatre de l'armée américaine a obtenu le droit d'assurer lui-même sa défense tout au long de son procès en cour martiale. Il a indiqué qu'il ne comptait appeler que deux témoins à la barre. Plus de 250 individus devraient en revanche témoigner contre lui.

"Il y aura condamnation"

Shawn Manning, spécialiste de la santé mentale appartenant à la même unité que Hasan, a confié qu'il redoutait le face-à-face avec l'accusé qui a tiré à six reprises sur lui. "Devoir affronter un gars qui a essayé de vous tuer vous et vos amis, et devoir être cordial et sympathique en même temps... ça va être difficile", a-t-il prédit. "J'espère qu'il ne va pas me poser de questions, mais je m'y suis préparé."

À la perspective d'être interrogée par l'accusé lui-même, Kimberley Munley, ex-officier de police de la base militaire également blessée lors de la fusillade, a elle reconnu "ne pas avoir un bon pressentiment à ce sujet" : "Je pense qu'il fait cela pour continuer à se moquer de nous et à nous persécuter."

Pour Richard Rosen, colonel à la retraite aujourd'hui professeur de droit à la Texas Tech University, "les preuves (contre Hasan) sont si évidentes que cela ne fait aucun doute qu'il y aura condamnation".

Il pourrait évoquer le djihad

La fusillade de novembre 2009 est la pire jamais survenue sur une base militaire américaine dans l'histoire du pays. Le haut-commandement de l'armée avait été soumis à d'intenses critiques pour avoir ignoré des signes avant-coureurs dans le comportement de Hasan qui, selon le FBI, correspondait par courriel avec l'imam radical Anwar Al-Aulaqi, tué dans une attaque de drone américain au Yémen en septembre 2011.

L'accusé, qui se préparait à être déployé en Afghanistan avant son attaque, a déclaré avoir commis cet acte afin de défendre ses frères musulmans contre une guerre "illégale" dans ce pays. Considéré comme un "loup solitaire" d'Al-Qaïda, il a été reconnu par de nombreux témoins.

La mention "terrorisme" interdite par la juge

La juge militaire Tara Osborn a estimé que le procès pourrait durer entre un et quatre mois, et insisté pour qu'il se concentre sur les faits plutôt que sur les implications plus larges. Elle a ainsi interdit à l'accusation de mentionner le "terrorisme" comme motif de la fusillade, et à Hasan d'essayer de prouver au jury composé de 13 officiers de l'armée qu'il pensait sauver la vie de musulmans en Afghanistan en agissant ainsi.

Certains experts juridiques prédisent que, malgré l'interdiction de la juge, l'accusé va tenter d'utiliser cette stratégie. Dès ses propos liminaires mardi, "il pourrait parler du djihad et dire au jury que ses actes étaient justifiés", a noté Jeff Addicott, spécialiste des lois sur le terrorisme à la St. Mary's University.

Avec dépêches