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L'Uruguay en voie de légaliser le cannabis

L'Assemblée a approuvé, mercredi, la légalisation de la marijuana. Si la loi, qui doit encore être ratifiée par le Sénat, est adoptée, l'Uruguay deviendra le premier pays au monde où l'État contrôle la production et la vente de cannabis.

Il pourrait être le premier pays du monde où l’État contrôle la production et la vente de cannabis. Sous un tonnerre d'applaudissements, l'Assemblée nationale de l'Uruguay a approuvé, mercredi 31 juillet, la légalisation de la marijuana - qui doit être encore ratifiée par le Sénat.

Le texte, approuvé par 50 voix sur 96 après 14 heures de débats, prévoit notamment que l'État "assume le contrôle et la régulation de l'importation, de l'exportation, de la plantation, de la culture, de la récolte, de la production, de l'acquisition, du stockage, de la commercialisation et de la distribution du cannabis et de ses dérivés".

L'objectif avoué de ce texte déposé à l'été 2012 par la présidence - mais élaboré par le Parlement - est de "minimiser les risques et réduire les dommages de l'usage du cannabis". La consommation n'est actuellement pas pénalisée en Uruguay, contrairement à son commerce.

"Ne pas cesser la lutte contre le trafic de drogue"

Si le texte était approuvé, un organisme serait créé - l'Institut de régulation et de contrôle du cannabis (IRCCA). Il serait chargé de veiller à l'application de la loi. Les consommateurs, résidents en Uruguay majeurs et inscrits dans un registre des usagers, pourraient acheter jusqu'à 40 grammes par mois dans des pharmacies autorisées.

Le but "n'est pas de promouvoir la consommation, la consommation existe déjà", avait déclaré mercredi en début de séance le député Sebastian Sabini en présentant cette loi défendue par le président Jose Mujica. Selon lui, le texte vise principalement à couper les consommateurs des réseaux mafieux et à lutter contre le trafic de drogue qui "finance le crime organisé et des activités illicites comme la traite de personnes, la vente d'armes ou le blanchiment d'argent".

"Cela ne signifie pas que nous devons cesser de lutter contre le trafic de drogue, cela signifie qu'il faut le combattre dans ses aspects substantiels, sans nous en prendre à l'usager qui a 40 grammes dans la poche", a poursuivi Sebastian Sabini.

Du côté de l’opposition, on craint, au contraire, que cette loi augmente la consommation. "Sommes-nous disposés à sacrifier une génération pour nous rendre ensuite compte que nous nous trompons, que nous n'allons pas en finir avec le marché noir [...] qu'il va y avoir une hausse de la consommation ?", a protesté le député du Parti national Gerardo Amarilla

Près de 22 tonnes de cannabis commercialisées chaque année

La loi prévoit aussi de permettre la culture à usage personnel à hauteur de six plants. La création de clubs de consommateurs de 15 à 45 membres serait également permise, avec une limite autorisée de 99 plans.

En revanche, l'autorisation de la culture privée pour un usage personnel n'est pas inédite : elle est autorisée dans le Colorado (États-Unis), où chaque adulte a le droit de cultiver six plants à l'intérieur de sa maison. En Espagne, la loi tolère également la production de cannabis dans un cadre privé, entre personnes majeures et dans un cadre strictement non lucratif. Aux Pays-Bas, bien que techniquement illégale, la vente et la consommation de cinq grammes de cannabis par personne au maximum est tolérée depuis 1976 dans les "coffee shops" alors que la culture et la vente en gros restent interdites et sont aux mains de groupes criminels.

Selon le Conseil national des drogues (JND), l'Uruguay, pays de 3,2 millions d'habitants, compte quelque 20 000 consommateurs quotidiens de cannabis sur un total de 120 000. La JND estime à 22 tonnes la quantité de drogue commercialisée chaque année dans le pays, ce qui rapporte sur les marchés parallèles de 30 à 40 millions de dollars.

Un récent sondage de l'institut Cifra révèle que 62 % des Uruguayens sont opposés à cette loi, contre seulement 26 % de partisans.

Avce dépêches