Un député russe affirme que la récente loi interdisant "la propagande homosexuelle" s'appliquera lors des JO de Sotchi 2014. La communauté gay dénonce avec force cette législation, mais se refuse pour l'instant à boycotter les Jeux.
Organisés du 7 au 24 février 2014, les Jeux olympiques de Sotchi n’en finissent plus d’être sous le feu des critiques. Après avoir été montrés du doigt pour le retard pris dans la construction des équipements sportifs, l’explosion de leur budget (le plus cher de l’histoire avec 36 milliards d'euros), ou encore les dommages écologiques considérables, les JO d’hiver sont aujourd’hui la cible de la communauté homosexuelle.
Un peu plus d’un mois après le vote de la loi interdisant "la propagande auprès des mineurs des relations sexuelles non traditionnelles", de nombreuses associations s’inquiètent des récents propos de Vitali Milonov, le député à l’origine de cette législation. Pour ce parlementaire russe, la "loi anti-gay" s’appliquera bien aux étrangers présents lors de la compétition sportive hivernale.
"Si une loi a été approuvée par l'assemblée législative et paraphée par le président, le gouvernement n'a aucun droit de la suspendre", a affirmé Vitali Milonov à l'agence de presse russe Interfax. Selon ce texte, les étrangers coupables de cette infraction risquent ainsi une amende pouvant aller jusqu'à 100 000 roubles (environ 2 300 euros), et pourront en outre être détenus 15 jours avant d'être expulsés. Pour preuve de son application, quatre Néerlandais ont déjà été arrêtés en juillet à Mourmansk pour "propagande de l’homosexualité" alors qu’ils tournaient un film sur les droits des gays.
Faire des Jeux une tribune
Face à cette homophobie croissante, plusieurs pétitions ont été lancées sur Internet pour alerter la communauté internationale sur la situation en Russie. Plutôt que de boycotter les Jeux, les associations homosexuelles veulent se servir de cet événement médiatique comme d’une tribune pour faire entendre leurs voix.
"Les prochains Jeux olympiques d’hiver en Russie commencent à faire parler d'eux dans les médias, mettant la Russie sous les projecteurs. C'est une occasion unique pour pousser les grands dirigeants à s’opposer à la répression anti-gay qui a lieu en Russie", peut-on ainsi lire sur le site de l'ONG internationale All Out qui demande l’abrogation des "lois homophobes" et qui a déjà recueilli près de 250 000 signatures.
Des athlètes homosexuels ont également rejoint ce mouvement. Le patineur de vitesse néo-zélandais Blake Skjellerup, quart de finaliste des JO de Vancouver en 2010, a déjà annoncé qu’il compte bien se rendre à Sotchi malgré ces menaces.
"Je suis contre le boycott car il n’y a aucune raison que je change, que je ne sois pas moi-même ou que je retourne dans le placard à cause de ma sexualité", a expliqué au site ESPN le sportif qui envisage de porter un badge arc-en-ciel, symbole de la communauté gay, lors des compétitions, même s’il risque des ennuis judiciaires avec les autorités russes.
Le patineur homosexuel américain Johnny Weir refuse également de tirer un trait sur les Jeux. Comme il l’a expliqué dans les colonnes du "Falls Church News-Press", il dénonce les lois homophobes, mais il ne veut pas compromettre sa carrière : "Le fait que la Russie arrête les miens et se mettent à haïr une minorité tout en violant des droits humains me fait mal au cœur (…) mais j’implore le monde de ne pas boycotter les JO (…) Ce serait la mort et la démolition de toute une vie de travail".
Alerté sur cette situation, le Comité international olympique (CIO) s’est pour sa part voulu rassurant. Il affirme avoir eu la confirmation de Moscou que ces nouvelles mesures législatives n’affecteront pas les participants aux Jeux.
"Les Jeux eux-mêmes devraient être ouverts à tous, sans discrimination, ce qui s'applique aux spectateurs, aux officiels, aux médias et, évidemment, aux athlètes. Nous nous opposerons dans les termes les plus forts à toute action qui mettrait en péril ce principe ", annonce le CIO dans un communiqué.