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Manning non coupable de collusion avec l'ennemi, condamné pour espionnage

Le soldat américain Bradley Manning, accusé d'avoir livré des informations confidentielles au site WikiLeaks, a été déclaré non coupable de collusion avec l'ennemi. Il a cependant été reconnu coupable d'espionnage et de vol de documents.

Bradley Manning, le soldat américain qui a transmis plusieurs milliers de documents confidentiels au site WikiLeaks, de novembre 2009 à son arrestation en mai 2010, lorsqu'il était analyste du renseignement en Irak, a été reconnu coupable mardi 30 juillet par la cour martiale de Fort Meade de violation de la loi sur l'espionnage, mais pas de collusion avec l'ennemi, le plus grave des 22 chefs d’accusation qui lui sont reprochés.

Aux termes du verdict lu par la juge Denise Lind, Manning encourt 136 ans de prison après avoir été reconnu coupable de plusieurs charges liées à la violation de la législation sur l'espionnage. Sa peine sera fixée lors d'une audience ultérieure.

L'intelligence avec l'ennemi est un crime passible de la peine de prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle.

"Jeune et naïf"

Depuis le début du procès, la défense du prévenu s'était efforcée de faire apparaître Bradley Manning comme un être naïf, plein de bonnes intentions et désireux de montrer aux Américains la réalité des guerres d'Afghanistan et d'Irak.
Son avocat David Coombs a demandé l'acquittement pour les accusations d'espionnage, de fraude informatique et "de collusion avec l'ennemi". Lors de ses plaidoiries finales, il avait soutenu que Manning n'était pas un traître, comme l'affirme l'accusation, mais quelqu'un de "jeune, naïf et bien intentionné", qui a été choqué par ce qu'il a vu en Irak.

L'avocat avait à ce propos montré la vidéo d'une bavure commise par un hélicoptère de combat contre des civils en Irak en juillet 2007, que Manning a livrée à WikiLeaks parce qu'il l'avait en horreur. Le jeune soldat ne s'est pas exprimé lors du procès mais avait affirmé au cours d'une audience préliminaire qu'il avait voulu "provoquer un débat public".

"C'était un traître"

Lors de son réquisitoire, l'accusation l'avait, au contraire, dépeint comme un être égoïste et téméraire, qui savait parfaitement qu'en transmettant des documents à WikiLeaks, ces derniers seraient mis en ligne et consultés par les ennemis des États-Unis, en premier lieu Al-Qaïda. "Votre honneur, ce n'était pas un lanceur d'alerte, c'était un traître", avait asséné le procureur militaire Ashden Fein, en requérant une condamnation pour aide à l'ennemi.

Selon le réseau de soutien de Manning, 17 députés européens ont écrit une lettre au président Barack Obama et au ministre de la Défense Chuck Hagel appelant à la libération du soldat estimant qu'il a "déjà trop souffert" en endurant l'isolement en détention.

Avec dépêches