Un dernier hommage au journaliste franco-algérien Henri Alleg a été rendu lundi, au cimetière du Père-Lachaise. Son engagement "fondamental pour l'émancipation du genre humain" durant la guerre d'Algérie a été salué lors de la cérémonie.
Des centaines de personnes, certaines portant des drapeaux communistes, algériens, et du mouvement de la paix, se sont rendues lundi 29 juillet aux obsèques d’Henri Alleg au cimetière du Père-Lachaise. La cérémonie, ponctuée de discours et de musique en hommage à l’auteur de "La question" (1958), a permis de rappeler son combat contre le colonialisme et la torture. Elle s’est terminée avec l’Internationale chantée en algérien, puis reprise par l’assemblée en français dans une grande émotion.
"La Question"
Henri Alleg, militant communiste, avait été l’un des premiers à dénoncer la torture pendant la guerre d’Algérie. Le livre-témoignage "La question", paru en 1958, avant même les accords d’Évian, avait été saisi au lendemain de sa parution.
Disparu le 17 juillet à Paris à l’âge de 91 ans des suites d'un AVC, Henri Alleg avait fait de l’Algérie sa patrie d’adoption. Dans un court message lu en son nom, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a célébré "La Question" comme "l’un des textes majeurs qui, par leur retentissement universel et la prise de conscience qu’ils ont suscité à travers le monde, ont indéniablement contribué à servir la noble cause des droits de l’homme en général."
"Un combat fondamental"
Le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent, a rendu hommage au militant dont le nom "restera irrémédiablement synonyme de justice, de courage et de vérité". Selon lui, Henri Alleg avait, par son engagement, initié "un combat fondamental pour l’émancipation du genre humain."
Son fils Jean Salem a tenu à souligner à FRANCE 24 le courage de tous les Algériens anonymes qui avaient refusé, comme son père, de parler sous la torture.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, ainsi que l'ambassadeur d'Algérie en France, Missoum Sbih, étaient présents, mais n’ont pas souhaité faire de déclaration.
De février 1951 à juillet 1955, Henri Alleg avait dirigé le quotidien communiste "Alger républicain", jusqu’à son interdiction. Arrêté en 1957 en pleine bataille d'Alger et torturé par les parachutistes français, il avait été condamné en 1960 à 10 ans de travaux forcés en France.
Un an plus tard, il s'évadait et rejoignait la capitale algérienne. Il avait alors relancé "Alger républicain", jusqu'à son sabordage à la chute du président Ben Bella, après un coup d'État en 1965. Henri Alleg est rentré en France en 1955, et il a notamment travaillé pour l’Humanité de 1966 à 1980.