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Présidentielle au Mali : satisfaction à Paris, défis à Bamako

Tandis que l'Élysée salue le "retour à l'ordre constitutionnel" après le premier tour de la présidentielle au Mali, les analystes mettent en garde contre tout triomphalisme tant que les candidats n'ont pas accepté les résultats.

Les réactions françaises de satisfaction s’enchaînent après le premier tour de l’élection présidentielle au Mali qui s'est tenu dans le calme dimanche 28 juillet. Le président François Hollande ouvre la valse des communiqués lundi au petit matin, saluant "le bon déroulement du scrutin présidentiel malien, marqué par une mobilisation importante et une absence d’incident majeur, selon les premières observations de la mission de l’Union européenne".

Pour l’Élysée, le scrutin est d’ores et déjà "une chance et un symbole" qui "consacre le retour du Mali à l’ordre constitutionnel, après la victoire obtenue sur les terroristes et la libération du territoire".

Quelques heures plus tard, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, en voyage en Malaisie, souligne l'implication de Paris dans une élection qui redonne au Mali "toutes ses chances pour devenir une nation démocratique" : "Pour la France, c'est un grand succès. Pour l'image de la France dans le monde aussi, c'est un plus considérable, qui a été perçu dans le monde entier."

"Un succès pour le Mali… mais aussi pour la France"

Le ministre français du Développement Pascal Canfin estime quant à lui : "C'est un succès, pour le Mali d'abord parce que ce sont eux qui ont organisé les élections, mais aussi pour la France quand on regarde les sept mois qui viennent de s'écouler", faisant référence à l'opération militaire française Serval contre l'occupation du nord du Mali par des groupes armés islamistes qui est en cours depuis le début de l'année.

INVITE MATIN 29/07 Gilles Yabi
(07:45)

Sur RFI lundi matin, Gilles Yabi, directeur pour l’Afrique de l’Ouest de l'ONG International Crisis Group (ICG), se réjouit d'une participation plus forte que lors des précédents scrutins. Dans l'attente de chiffres précis, il souligne toutefois qu'elle n'est pas "massive" comme celle observée par exemple en Côte d'Ivoire lors de la sortie de crise dans ce pays voisin, et que de nombreux Maliens emigrés ou réfugiés n'ont pas pu voter.

"Ce qu’il faut espérer maintenant, c’est que le processus électoral se poursuive et que les engagements des différents candidats qui ont été pris sur le respect des résultats soient tenus, en dépit des conditions d’élection qui étaient connues pour être imparfaites", avertit Gilles Yabi.

"Un scrutin où il y a beaucoup de failles"

Selon lui, l'analyse d'ICG reste à ce stade "très prudente". "Lorsque vous avez un scrutin où il y a beaucoup de failles, les perdants ont tout à fait la latitude de dénoncer ces failles comme étant responsables de résultats qui seraient biaisés et ne seraient donc pas crédibles. C’est cela la principale crainte, et pas celle d’un conflit post-électoral à l’ivoirienne par exemple", ajoute le spécialiste.

Dès dimanche soir, les partisans des deux principaux candidats, Ibrahim Boubacar Keita et Soumaïla Cissé, se sont rassemblés devant les bureaux de leurs favoris et ont affiché leur confiance dans la victoire à coup de klaxons dans les rues de Bamako.

Sur les réseaux sociaux lundi matin, certains observateurs maliens s'inquiétaient déjà de cet enthousiasme prématuré.

Gauthier Rybinski, spécialiste de la politique internationale à FRANCE 24, prévient qu'une contestation des résultats pourrait doucher l'enthousiasme affiché par les autorités françaises : "Si le président élu est considéré comme illégitime, la faute rejaillira à ce moment-là sur la France et sur les troupes françaises, accusées d’être des troupes d’occupation."