Les récentes violences à Kidal seront au menu de la réunion du Comité de suivi des accords de Ouagadougou, qui se tient ce lundi à Bamako. Dimanche, la délégation touareg a rencontré le président malien par intérim, Dioncounda Traoré.
Rendez-vous pris à Bamako. Depuis dimanche 21 juillet, une délégation touareg se trouve dans la capitale malienne, où elle a d'abord rencontré Dioncounda Traoré, président par intérim, pour parler de "paix" et de "réconciliation", avant de se rendre, ce lundi, à la réunion du Comité de suivi des accords de Ouagadougou. Bamako, un lieu hautement symbolique par lequel le mouvement indépendantiste semble affirmer sa volonté de faire aboutir le processus électoral, alors que les violences dans la région de Kidal (Nord-Est), ces derniers jours, rendent incertaine la bonne tenue de l'élection présidentielle prévue le 28 juillet.
Samedi, le bref enlèvement de quatre agents électoraux et d’un élu dans la localité de Tessalit, située à 200 kilomètres au nord de Kidal, par des hommes armés, a suscité beaucoup d’inquiétudes. D’autant que les faits ne sont pas clairs, chaque camp accusant l’autre d’être à l’origine du rapt. Dans une interview à RFI, le préfet de Tessalit, Cheick Bouaré, accuse nommément "des éléments armés du MNLA" [Mouvement national de libération de l’Azawad] d’être derrière l’attaque. Tandis que le numéro deux du groupe rebelle touareg, Mahamadou Djeri Maïga, estime, toujours sur RFI, que "ce sont les autorités qui ont amené les preneurs d'otages, ce sont elles qui sont de mèche avec eux et ce sont elles qui font tout pour que les élections ne se tiennent pas. Ils sont en train de fomenter des milices pour semer la zizanie à Kidal."
À Kidal même, des violences intercommunautaires ont fait quatre morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels en fin de semaine dernière. Selon les témoignages recueillis par RFI, les tensions ont débuté jeudi lorsque des membres de la communauté songhaï ont organisé une marche pour soutenir le retour de l'administration et de l'armée malienne dans la région. Ce mouvement a froissé les pro-Azawad. La mort par balle d’un homme de la communauté songhaï, mais qui serait un sympathisant du MNLA, a enflammé la situation durant la nuit.
Le lendemain, vendredi, les militaires maliens basés à Kidal sont sortis pour la première fois de leur caserne et ont eu quelques altercations avec la population en se rendant au marché. L'un des cadres du MNLA, Mossa Ag Acharatmane, reconnaît sur RFI que cette sortie a provoqué des tensions au sein des combattants du MNLA : "C'était la panique. J’étais avec le commandant français et on a vraiment du mal à régler cette histoire. On essaye de calmer les choses."
Début de la distribution des cartes électorales
Dans ce contexte, la réunion à Bamako est cruciale pour faire rencontrer les deux parties. Certes, les autorités centrales maliennes veulent rester prudentes, tout en nourrissant une méfiance vis-à-vis des rebelles touaregs. Un porte-parole du ministère de la Défense a ainsi déclaré sur RFI, à propos des événements à Tessalit, que "de forts soupçons pèsent sur le MNLA, mais rien n’est sûr. Personne n’a revendiqué officiellement l’enlèvement". Selon les informations de RFI, le Mali entendrait demander au Comité de suivi des accords de Ouagadougou de constater la violation des accords par le MNLA.
De son côté, la délégation touareg du MNLA et du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad compte réaffirmer son soutien au processus électoral, qui doit débuter dimanche prochain, avec le premier tour de l’élection présidentielle. Et faire comprendre qu'elle ne cautionne pas les agissements de certains présentés comme leurs camarades.
Sur le terrain, la distribution de cartes d'électeur pour le premier tour de la présidentielle du 28 juillet a commencé dans le calme à Tessalit ce lundi. "Aujourd'hui, c'est calme à Tessalit et la distribution des cartes d'électeurs a commencé", a déclaré Ismaël Ag Mohamed, l'un des agents électoraux kidnappés. Quelque 5 200 cartes doivent y être distribuées.