
Le cinéaste français Denys de la Patellière, décédé dimanche à l'âge de 92 ans, a bâti l'essentiel de sa carrière dans les années 50 et 60. Il a réalisé quelques-uns des grands succès populaires avec des stars de l'époque telles que Gabin ou Ventura.
Un cinéma populaire, ficelé avec le savoir-faire des années 50 et 60, privilégiant les intrigues policières pour mettre en scène des hommes en action, notamment l’acteur fétiche de cette époque, Jean Gabin : les films de Denys de la Patellière sont restés ancrés dans les mémoires familiales de la France de ces années d’après-guerre. Le cinéaste est décédé ce dimanche à l’âge de 92 ans à Dinard, en Bretagne.
"Du rififi à Paname" (1965) a par exemple tout de la recette du film à succès : y figurent Claude Brasseur, Jean Gabin et Daniel Ceccaldi qui s’affrontent à coup de bluff et de répliques-cultes frisant l’auto-dérision, et quelques rares femmes comme Mireille Darc pour assurer le volet "charme" et ajouter un soupçon de drame. Un "cinéma à la papa", critiqueront les partisans de la "Nouvelle Vague", mais en parenté avec les films d'action britanniques à la James Bond où venus d'Hollywood, encore très populaire dans les salles.
Son plus grand succès fut "Un taxi pour Tobrouk", en 1960. L’aventure, dans le désert libyen, de quatre soldats français qui sympathisent avec un officier allemand, navigue entre le road movie et le film d’action sur le sort de la France pendant la Seconde Guerre mondiale et des moments de pure comédie. Ce long-métrage, dont les dialogues sont signés Michel Audiard, fit de Lino Ventura une star et conforta la popularité de Charles Aznavour.
Avant de devenir réalisateur, Denys Dubois de la Patellière, né le 8 mars 1921 à Nantes, se préparait pour une carrière militaire à Saint-Cyr lorsque la guerre éclata. Il entre alors dans l'Armée de libération et perd deux de ses frères engagés dans la Résistance. Après la guerre, il est engagé comme ouvrier développeur dans un laboratoire, puis monteur aux "Actualités françaises", avant de devenir second assistant réalisateur, puis premier assistant. Son premier film date de 1955, "Les aristocrates" avec Pierre Fresnay.
Sa collaboration avec Michel Audiard, Pascal Jardin et Alphonse Boudard marquent les dialogues de ses films, de même que la palette de stars qui figurent aux génériques : Danielle Darrieux, Jean Gabin, Lino Ventura, Michèle Morgan, Pierre Brasseur, Bernard Blier et Jeanne Moreau. Denys de La Patellière a ainsi réuni dans "Le tatoué" ,en 1968, Jean Gabin et Louis de Funès, enchaînant gags, situations burlesques et répliques absurdes comme le fameux "mais vous n’êtes pas Noir !", lancé par Louis de Funès.
Son dernier film pour le cinéma fut "Prêtres interdits"’, en 1973, où Robert Hossein porte la soutane. Il vit un amour impossible avec Claude Jade, future égérie des films de François Truffaut. Comme quoi, il est possible de passer des "films à papa" d’un Denys de la Patellière à ceux de la figure de proue de la "Nouvelle Vague".
À la fin des années 70, Denys de la Patellière s’est tourné vers la télévision, pour laquelle il a tourné des épisodes du "Commissaire Maigret", "Le comte de Monte-Cristo", en 1979, avec Jacques Weber, et le feuilleton "Bonjour Maître" avec Danielle Darrieux, en 1987.
"J'ai eu une chance formidable de faire le métier que j'aimais et d'en vivre. Mes films ne seront jamais cultes mais je ne serai pas le seul" . Ainsi résumait-il, modeste, sa propre carrière.