
Une photo d'archive montrant des personnes en deuil lors des funérailles d'une victime des violences postélectorales à Arusha, en Tanzanie, le 4 novembre 2025. © AP
En Tanzanie, les arrestations se poursuivent en lien avec les manifestations durement réprimées des récentes élections. Le principal parti d'opposition, Chadema, a annoncé samedi 8 novembre que son secrétaire général adjoint, Amani Golugwa, avait été arrêté par la police à Arusha, dans le nord-est du pays.
Vendredi, des centaines de personnes ont été présentées au tribunal de la capitale économique Dar es Salaam. Plus de 250 personnes y ont été inculpées de "trahison" et "complot en vue de commettre une trahison", dans le cadre de trois dossiers distincts, a indiqué l'avocat Peter Kibatala à l'AFP vendredi soir devant le tribunal.
Des sources judiciaires au tribunal ont dit à l'AFP être au courant d'au moins 240 inculpations.
D'après des actes d'accusation consultés par l'AFP, la plupart des inculpés sont accusés d'avoir, le 29 octobre, jour du scrutin, voulu "entraver les élections (présidentielle et législatives) de 2025, dans le but d'intimider le pouvoir exécutif".
Opposants politiques arrêtés
Vendredi soir, la police avait indiqué rechercher plusieurs cadres de Chadema, notamment Amani Golugwa, mais aussi son secrétaire général, John Mnyika, et son porte-parole, Brenda Rupia, les appelant dans un communiqué à "se rendre immédiatement".
"L'arrestation du secrétaire général adjoint signifie que seuls trois des six plus hauts dirigeants du parti sont encore en liberté", a souligné Chadema dans un communiqué publié sur la plateforme X.
Le président de Chadema, Tundu Lissu, a été arrêté en avril et attend d'être jugé pour trahison, chef pour lequel il encourt la peine de mort. Le vice-président du parti, John Heche, arrêté quelques jours avant les élections, a été inculpé le 5 novembre de "participation à des actes terroristes".
Le mouvement de contestation qui a éclaté de manière spontanée le jour du scrutin s'est poursuivi durant plusieurs jours a été réprimé avec une grande violence. Chadema a fait état d'au moins 800 morts. Des sources diplomatique et sécuritaire ont corroboré l'idée que des centaines, voire des milliers de personnes, avaient été tuées en marge des élections.
La présidente Samia Suluhu Hassan a officiellement remporté la présidentielle, dont ses deux principaux rivaux avaient été exclus, avec près de 98 % des suffrages. Des observateurs étrangers ont toutefois remis en question la crédibilité du scrutin, qualifié de "parodie de démocratie" par Chadema.
Les autorités tanzaniennes ont refusé jusqu'ici de communiquer tout bilan humain, se bornant à mentionner du bout des lèvres des "vies perdues". Bien qu'elles aient bloqué internet cinq jours durant, puis tenté d'empêcher la publication des photos et vidéos des victimes de la répression, celles-ci ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux en début de semaine.
Avec AFP
