
Le président intérimaire syrien, Ahmed al-Charaa, lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain Marco Rubio, le 22 septembre 2025 à New York. © Bing Guan, AFP
Après son passage en septembre à l'ONU à New York, le président intérimaire syrien, Ahmed al-Charaa, est arrivé aux États-Unis samedi 8 novembre pour une visite officielle inédite, a rapporté l'agence de presse officielle de son pays, au lendemain de son retrait de la liste noire américaine du terrorisme.
Le chef d'État par intérim, dont les forces rebelles ont renversé le dirigeant de longue date Bachar al-Assad en fin d'année dernière, doit rencontrer lundi le président américain, Donald Trump. Il s'agit de la première visite bilatérale d'un chef d'État syrien aux États-Unis depuis l'indépendance du pays en 1946.
À son arrivée, Ahmed al-Charaa a échangé des passes de basketball avec le commandant des forces américaines aux Moyen-Orient, Brad Cooper, ainsi qu'avec le chef de la coalition internationale anti-jihadistes, Kevin Lambert, selon des images qu'il a postées sur les réseaux sociaux.
Lors de cette visite, Damas devrait signer un accord pour rejoindre cette coalition menée par les États-Unis, selon l'émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack.
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Accepter Gérer mes choixUne reconstruction chiffrée à plus de 200 milliards de dollars
Le groupe jihadiste État Islamique (EI) avait été défait militairement en 2019 en Syrie par la coalition et les Forces démocratiques syriennes (FDS), conduites par les Kurdes, qui négocient actuellement leur intégration dans l'armée syrienne. Les États-Unis prévoient pour leur part d'établir une base militaire près de Damas, a indiqué une source diplomatique en Syrie.
La Syrie, sortie de plus de 13 ans de guerre civile, cherche aussi à garantir des fonds pour sa reconstruction, un chantier dont le coût pourrait dépasser les 216 milliards de dollars (187 milliards d'euros), selon la Banque mondiale.
Jeudi, le Conseil de sécurité de l'ONU a levé les sanctions contre Ahmed al-Charaa, qui jusqu'à présent avait besoin d'une exemption des Nations unies pour chaque déplacement international. La résolution préparée par les États-Unis salue l'engagement des nouvelles autorités de Ahmed al-Charaa, qui il y a encore un an dirigeait le groupe Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ancienne branche syrienne d'Al-Qaïda, à "lutter contre le terrorisme".
Le ministère syrien de l'Intérieur a annoncé samedi avoir mené 61 raids et procédé à 71 arrestations dans une "campagne proactive pour neutraliser la menace que représente l'EI", selon l'agence officielle Sana. Ces raids ont eu lieu notamment dans les secteurs d'Alep, d'Idlib, de Hama, de Homs, de Deir ez-Zor, de Raqqa et de Damas, où demeurent des cellules dormantes de l'organisation, a-t-il été précisé.
Ouverture vers l'Occident
C'est au titre de chef de HTS, qui à la tête d'une coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad le 8 décembre 2024, que Ahmed al-Charaa était inscrit depuis 2013 sur la liste des sanctions de l'ONU. Mais dès sa prise du pouvoir, il a clairement rompu avec son passé jihadiste, multipliant les ouvertures vers l'Occident et les pays de la région, notamment les riches monarchies arabes. Il a aussi engagé des négociations avec Israël, pays avec lequel la Syrie est théoriquement en état de guerre.

Donald Trump avait déjà rencontré le dirigeant syrien lors d'un voyage dans le Golfe en mai et avait annoncé la levée des sanctions américaines contre la Syrie.
Les deux hommes vont également évoquer les négociations directes entamées par les autorités syriennes avec Israël. Donald Trump avait pressé en mai le dirigeant syrien de rejoindre les accords d'Abraham, qui ont acté en 2020 la reconnaissance d'Israël par plusieurs pays arabes.
Avec AFP
