Tout juste intronisé, le roi Philippe aura à cœur de prouver qu'il est à la hauteur de la fonction malgré les critiques dont il fait l'objet. Son plus gros défi : préserver la cohésion du pays face aux divisions entre Flamands et Wallons.
Il attendait ce jour depuis le 8 août 1993, jour du décès brutal du roi Baudouin. Si Philippe devait succéder à son oncle, le jeune homme, alors âgé de 33 ans, réputé discret, est considéré comme trop jeune et c'est finalement son père, Albert, qui est intronisé. Vingt ans après, le roi Philippe, qui a répété à plusieurs reprises être "prêt" à monter sur le trône, a prêté serment ce dimanche 21 juillet au Palais de la Nation.
Le souverain, que la presse belge présente comme un introverti mal à l'aise en public et tenant des propos maladroits, a surpris la foule en prononçant un discours empreint d'émotion. Vêtu de son costume de lieutenant général de la Force aérienne, le septième roi des Belges, qui a fait ses études à Oxford, au Royaume-Uni, et Stanford, aux États-Unis, a rendu hommage à son père, un homme qu'il a décrit comme "chaleureux et profondément humain, attentif et engagé dans l'exercice de [sa] responsabilité de chef de l'État".
"Vive le roi", ont acclamé les Belges visiblement séduits par le discours du nouveau souverain. "Il est paru à l'aise et semble avoir bien préparé son discours", a constaté Christophe Robeet, envoyé spécial de FRANCE 24 à Bruxelles.
Mathilde, l'atout charme
Dans son discours, le roi Philippe a également accordé une large place à son épouse, Mathilde, à qui il entend visiblement prêter un rôle important. "Il fait que c'est son atout charme pour gagner le cœur des Belges, indique sur FRANCE 24 Philippe Delorme, journaliste et spécialiste des têtes couronnées. Sa femme, âgée de 40 ans, qui apparaît souvent en public auprès d'enfants, est populaire dans le pays.
Dans son allocution, Philippe a affirmé vouloir entamer son règne "avec la volonté de se mettre au service de tous les Belges". "Je travaillerai pour cela en parfaite entente avec le gouvernement et dans le respect de la Constitution", a-t-il ajouté. Selon Philippe Delorme, le nouveau roi devra "s'attacher à entretenir des contacts personnels avec l'ensemble des partenaires politiques, tout comme l'a fait son père".
Le défi : les législatives de 2014
Alors qu'Albert II a fait ses adieux en appelant les Belges à la "cohésion" face aux profondes divisions entre Flamands et Wallons, nul doute que le plus grand défi du nouveau roi sera les élections législatives au printemps 2014. En Belgique, les rois ont un rôle largement honorifique mais sont chargés de nommer le Premier ministre et peuvent désigner des médiateurs pour aider à la formation de gouvernements de coalition.
"C'est un défi risqué pour le roi puisque deux des partis séparatistes se partagent 45 % des intentions de vote", précise Pierre Benazet, correspondant RFI à Bruxelles. La monarchie est présentée comme un des derniers symboles d'unité du pays, devenu un État fédéral au fil des crises politiques qui se sont succédé ces 40 dernières années.
it