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Tour de France : Nairo Quintana, le prodige venu des Andes

, envoyé spécial au Semnoz – Véritable révélation de ce 100e Tour de France, le jeune Colombien de 23 ans gravira, ce soir sur les Champs-Élysées, la deuxième marche du podium. Avec, sur les épaules, le maillot blanc du meilleur jeune et le maillot à pois du meilleur grimpeur.

À 23 ans, Nairo Quintana épate. Pour sa première participation au Tour de France, le coureur de l’équipe Movistar a été l’un des grands acteurs de cette édition 2013. Dynamiteur en chef lors des étapes de montagne, le Colombien a fait fort en s’adjugeant, lors de la 20e étape, la victoire au sommet du Semnoz, le maillot à pois de meilleur grimpeur et la deuxième place au classement général. Un final de rêve donc pour le meilleur jeune de cette 100e Grande Boucle.

Espérance de vie : trois ans

Né le 4 février 1990 à Cómbita (département de Boyacá) à plus de 2 500 mètres d’altitude, Nairo Alexander Quintana Rojas est un enfant de la montagne. Dès sa naissance, le petit Nairo semble condamné car il souffre d’une maladie rare, le "mal du défunt". Son espérance de vie ne dépasse pas les 3 ans. Ses parents décident alors de l’emmener voir une guérisseuse réputée de Boyacá. Après des semaines de cure, Quitana recouvre la santé. Il a tout juste 2 ans.

Pour se rendre à l’école, Quintana peut prendre un bus. Mais son père jugeant le billet trop cher préfère lui offrir un vélo. Tous les jours, le jeune Colombien parcourt alors les 18 kilomètres qui le séparent de son école. Il doit notamment franchir une bosse à 8 % de dénivelé. À cette époque, les courses de vélo ne l’intéressent pas, les études non plus.

Premier contrat pro à 19 ans

Quintana est un piètre élève. Il abandonne donc l’école pour s’engager dans la police. C’est là qu’il commence à courir en compétition. En 2009, alors qu’il n’a pas 20 ans, Quintana signe son premier contrat pro avec Boyaca Es Para Vivirla, l’équipe locale. Il devient champion de Colombie du contre-la-montre espoirs. Et s’engage avec la Colombia Es Pasion Team, une formation qui a pour but d’envoyer des coureurs en Europe. Le petit Colombien, 1 m 69 sous la toise, se fait tout de suite remarquer. En 2010, il remporte deux étapes et la première place du classement général du Tour de l'Avenir. Malgré les sollicitations, il décide de rester une année de plus en Colombie.

En 2012, Quintana rejoint Movistar

C’est en 2012 qu’il franchira le pas en s’engageant avec la formation espagnole Movistar. Les succès vont alors se succéder. Quintana s’adjuge le Tour de Murcie et la Route du Sud. Il empoche également une victoire d’étape sur le Dauphiné et participe cette année-là à son premier grand Tour, la Vuelta d’Espagne, qu’il termine à la 36e place.

Le poids plume (59 kg) est prometteur. Il commence la saison 2013 sur les chapeaux de roue en remportant la troisième étape du Tour de Catalogne et le Tour du Pays basque. De quoi lui garantir une place pour le 100e Tour de France. Loin d’être impressionné, Quintana se sent pousser des ailés dès que la route s’élève. Par trois fois, le Colombien va tenter une chevauchée fantastique. Tout d’abord le 6 juillet, quand il fausse compagnie au peloton dans le redoutable Col de Pailhères, puis le 14 juillet, quand il se lance dans un raid solitaire vers le sommet du Mont Ventoux. Seul Christopher Froome parviendra à le dépasser. Ce n’est que partie remise. Quintana attendra la dernière étape de montagne et l’arrivée au sommet du Semnoz le 20 juillet pour faire carton plein.

Préparation inédite

Pourtant rien ne laisser augurer de tels résultats, tant la préparation d’avant Tour de Quintana interpelle. Au lieu de participer au Dauphiné ou au Tour de Suisse comme la majorité des coureurs, le grimpeur colombien a décidé de se réfugier pendant deux mois dans ses montagnes de la cordillère des Andes. Entre Liège-Bastogne-Liège (21 avril) et le début du Tour (29 juin), Quintana n’a participé à aucune compétition. Une décision visiblement peu préjudiciable pour Nairo Quitana qui, à 23 ans, réalise le meilleur résultat d’un Colombien sur le Tour de France.

Après Rigoberto Uran, deuxième du Tour d’Italie cette année, les grimpeurs venus de Colombie, que l’on surnomme les "escarabajos" (scarabées), sont bien de retour. Ça promet…