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Un nouveau roi pour une Belgique en proie aux divisions

Journée historique en Belgique ce dimanche. Le prince Philippe est officiellement devenu le roi des Belges après avoir prêté serment devant les deux chambres du Parlement. Il succède ainsi à son père Albert II qui a abdiqué en sa faveur.

La Belgique vit une journée historique avec l'intronisation du roi Philippe, le septième souverain de l'histoire du pays, mais dans le doute lancinant sur l'avenir d'un royaume divisé et fragile.

À 12 heures (10 heures GMT), ce dimanche 21 juillet, Philippe, 53 ans, a prêté serment devant les chambres réunies. Il succède ainsi à son père Albert II, 79 ans, qui a signé son acte officiel d'abdication au Palais royal de Bruxelles, à quelques centaines de mètres de là.

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Le roi des Belges, un monarque au pouvoir limité

Le nouveau souverain était assis sur un trône mais n'avait ni couronne ni sceptre, attributs royaux inconnus en Belgique. Au premier rang, étaient assis son épouse Mathilde et leurs quatre enfants, dont l'aînée Elisabeth qui deviendra, à bientôt 12 ans, la nouvelle princesse héritière.

Manque d'aisance en public

Le nouveau roi, qui aurait pu succéder à son oncle lors de la mort brutale du roi Beaudoin en 1993, n'avait alors pas été considéré comme prêt à assumer la fonction. Vingt ans plus tard, le doute subsiste en raison de quelques propos maladroits et de son manque persistant d'aisance en public. Mais pour Pierre Benazet, correspondant de RFI/France 24 à Bruxelles, "sa discrétion sera sans doute un atout puisque c’est dans le secret des conversations avec le roi que se règlent les pires problèmes qui secouent le pays depuis 2007".

Philippe pourra en outre compter sur le soutien actif de Mathilde, populaire, compétente et atout charme de la monarchie depuis leur mariage en 1999. À 40 ans, elle deviendra la première reine d'origine belge de l'histoire du pays.

Dans son discours d'adieu à la nation samedi, Albert II a d'ailleurs étroitement associé Mathilde à Philippe, en demandant aux Belges de les "entourer" tous les deux de leur "collaboration active" et de leur "soutien". "Ils forment un excellent couple au service de notre pays", a-t-il assuré. Il a aussi lancé un appel au "maintien de la cohésion" de la Belgique.

La monarchie est présentée comme un des derniers symboles d'unité du pays, devenu un État fédéral au fil des crises politiques qui se sont succédé ces 40 dernières années. Défendue dans le sud francophone du pays, elle est remise en cause dans le nord néerlandophone, particulièrement par les indépendantistes de la N-VA, républicains par principe et à tout le moins partisans d'une monarchie purement protocolaire.

"Au début du XXe siècle, un ministre disait ‘il y a des Wallons et des Flamands et le seul vrai belge est le roi’. On a l’impression que c’est de plus en plus le cas", observe sur l'antenne de FRANCE 24 Philippe Delorme, historien et journaliste spécialiste des monarchies.

Au balcon du Palais

Lors des dernières visites officielles du couple royal, Albert et Paola ont été accueillis dans une quasi-indifférence par quelques centaines de personnes à Gand, deuxième ville de Flandre, alors qu'ils étaient acclamés par des milliers de personnes à Liège, en Wallonie, lors d'une "joyeuse sortie" marquée par l'émotion et les appels à l'unité du pays.

Le règne d'Albert II a été ponctué par plusieurs crises politiques, particulièrement après les élections de 2010 où les partis avaient mis 541 jours, un record mondial, pour former un gouvernement. Le roi avait alors joué un rôle majeur pour sortir de l'impasse.

À l'approche des élections législatives de 2014, qui devraient voir une nouvelle poussée des indépendantistes flamands, une majorité de Belges auraient préféré que le monarque reste encore sur le trône malgré sa santé déclinante.

Dans ce contexte, l'intronisation de Philippe fut marquée par la sobriété. Le programme conçu pour célébrer la fête nationale du 21 juillet a été à peine modifié.

Après la prestation de serment, le nouveau couple royal est apparu au balcon du Palais avant d'assister au traditionnel défilé militaire. "Vive le roi !", ont acclamé les Belges -estimés entre 8 000 et 10 000 personnes- tout en agitant des drapeaux aux couleurs du pays.

Aucune tête couronnée ou dirigeant étranger n'ont été invités aux cérémonies. La seule personnalité sera le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, venu en voisin. La Belgique, un des six pays fondateurs de l'Union européenne (UE) et qui abrite ses principales institutions, reste très attachée à la construction européenne.

Avec dépêches