logo

Le Royaume-Uni déclare la guerre au khat, les producteurs Kenyans protestent

Londres a récemment interdit le khat, cette plante aux effets euphorisants consommée au Royaume-Uni et mâchée dans la Corne de l’Afrique. Cette décision a provoqué la colère des producteurs kenyans, qui tirent de ce commerce d'importants revenus.

Sus au kath ! Depuis que le gouvernement britannique a annoncé, début juillet, l’interdiction de cette plante euphorisante importée depuis la Corne de l’Afrique et consommée par les immigrants d'Afrique de l'Est, la colère gronde au Kenya.

Et pour cause, l’exportation du khat, mâché depuis des siècles en Afrique orientale et dans le monde arabe, notamment au Yémen, est une source de revenu considérable. Il était importé au Royaume-Uni principalement pour satisfaire les besoins de consommateurs originaires d'Afrique.
  it
REPORTAGE SUR LE KHAT KENYAN
Le Royaume-Uni déclare la guerre au khat, les producteurs Kenyans protestent
Le khat, qui est déjà illégal aux États-Unis, en France et en Allemagne, sera désormais classé comme une drogue de classe C, tel que le cannabis, dont la vente et la production sont passibles de peines de prison allant jusqu'à 14 ans.
Et ce, contre l'avis d’un organisme gouvernemental britannique sur les drogues, l’Advisory Council on the Misuse of Drugs (ACMD), qui avait estimé en janvier que les preuves de sa dangerosité étaient insuffisantes.
Un "complot" contre les Kenyans
Irrités par cette décision, des producteurs kényans ont demandé, la semaine dernière, la fermeture des bases militaires britanniques dans leur pays, pour marquer leur désapprobation. "Nous ne voyons pas pourquoi nous devrions vivre à côté de nos ennemis (...), avec des gens qui complotent contre les Kényans," a déclaré Kimathi Munjuri, porte-parole de l'association des négociants de "miraa" - le nom local du khat - de la région de Nyambene (nord-est).
Les producteurs kényans affirment qu'ils exportaient vers la Grande-Bretagne jusqu'à 60 tonnes de khat par semaine, pour un marché estimé à 18 millions d'euros par an et générateur d'importantes marges.
"Cette interdiction va mettre par terre l'économie de la région," a confié à l’AFP Florence Kajuju, élue de la circonscription de Tigania Est, une zone du nord-est kényan elle aussi productrice de khat. D’après elle, des milliers de familles seront affectées. Toutefois, les autorités kényanes n'ont pas officiellement réagi à l'interdiction britannique.
Pour justifier sa décision, la ministre britannique de l'Intérieur, Theresa May, a estimé qu'il y avait des risques que le royaume ne devienne une "plaque tournante" du trafic de khat. Et ce dans la mesure où la Grande-Bretagne était le dernier pays de l'Union européenne à autoriser son importation.

 Avec dépêches.