Le premier gouvernement formé après la destitution du président islamiste Mohamed Morsi, le 3 juillet, a prêté serment ce mardi en présence du Premier ministre, Hazem el-Beblaoui. Les Frères musulmans n'en reconnaissent pas la légitimité.
Après une nouvelle nuit de violences au Caire entre des partisans et des adversaires du président déchu Mohamed Morsi, le nouveau gouvernement égyptien, dirigé par le Premier ministre Azem el-Beblaoui, a prêté serment mardi 16 juillet. Deux semaines après la destitution du chef de l’État islamiste, l’ensemble des nouveaux ministres ont été présentés lors d’une cérémonie retransmise à la télévision publique.
Comme ce qui avait été annoncé, Nabil Fahmy, ancien ambassadeeur à Washington, prend le poste de ministre des Affaires étrangères, tandis qu’Ahmad Gala, un économiste qui a travaillé pour la Banque mondiale devient ministre des Finances. Le général Abdel Fattah al-Sissi, homme-clé dans la destitution de Mohamed Morsi, garde le ministère de la Défense et devient également vice-premier ministre. Un chrétien copte, le libéral Mounir Fakhry Abdel Nour, fait pour sa part son entrée dans cette équipe en tant que ministre du Commerce et de l’Industrie.
Ce nouveau gouvernement comprend donc des personnalités de divers horizons, même si aucune d’entre elles n’est affiliée à un parti islamiste. Des portefeuilles ministériels ont été proposés à des membres des Frères musulmans, le mouvement de Mohamed Morsi, ainsi qu’à ceux du parti salafiste Al-Nour, mais ils ont refusé. Les Frères musulmans ont d’ailleurs déclaré qu’il ne reconnaissait pas cette équipe gouvernementale. "Nous ne reconnaissons ni la légitimité, ni l'autorité de ce gouvernement", a déclaré à l’AFP, Gehad al-Haddad, un porte-parole du mouvement.
Les Frères musulmans réclament le retour de Morsi
À la veille de cette prestation de serment, des batailles de rue ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au Caire, faisant sept morts et 261 blessés. Jusqu’aux premières heures de la matinée, les partisans et adversaires de Mohamed Morsi se sont affrontés. Plus de 400 personnes été interpellées lors de ces heurts. Les partisans du président déchu ont annoncé qu’ils ne cesseront leur mobilisation qu’au retour de leur leader.
Ces violences sont survenues alors que le secrétaire d’état adjoint américain, William Burns, était accueilli au Caire. Ce dernier a quitté le pays mardi après s’être entretenu avec les principaux responsables intérimaires de l’Égypte. Il a notamment déclaré à la presse que les États-Unis ne voulaient pas s’immiscer dans les affaires égyptiennes : "Seuls les Égyptiens sont à même de définir leur avenir".
Pour le moment, Washington s’est refusé à dire s’il considérait la destitution de Morsi comme un coup d’État ou non. La relation entre les deux pays traverse une phase délicate. Alors que l’Égypte est depuis des décennies un allié important des États-Unis, les anti-Morsi, désormais au pouvoir, reproche à la Maison Blanche d’avoir soutenu le président déchu.
Après cette visite d’un représentant américain, la chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Catherine Ashton, se rendra à son tour ce mercredi en Égypte pour rencontrer les nouveaux responsables du pays, dont le président et le Premier ministre par intérim. "Je me rends en Egypte pour réaffirmer avec force notre message en faveur d'un processus politique pleinement rassembleur, prenant en compte tous les groupes qui soutiennent la démocratie. J’insisterai sur le fait que l'Égypte doit revenir le plus rapidement possible à la transition démocratique", a annoncé Catherine Ashton, ajoutant que l'UE était "déterminée à aider le peuple égyptien sur la voie d'un avenir meilleur de réelle liberté et de croissance économique".
L’UE n’a toutefois pas précisé si la chef de la diplomatie rencontrerait également des représentants des Frères musulmans.
Avec dépêches