Des affrontements ont eu lieu lundi soir lors de manifestations de pro-Morsi au Caire. Sept personnes sont mortes et 261 autres ont été blessées. La police a interpellé au moins 401 personnes liées aux violences.
Comme tous les soirs depuis le début du ramadan, les Égyptiens pro et anti-Morsi se réunissent tardivement pour rompre le jeûne et manifester. Et lundi 15 juillet, les forces de l’ordre ont tiré des grenades lacrymogènes pour mettre fin à des accrochages entre partisans de l'ancien président islamiste et habitants du quartier de la rue Ramsès, au Caire. Il s'agit de la première confrontation violente impliquant des pro-Morsi depuis une semaine.
Sans atteindre, et de loin, les affrontements meurtriers ayant eu lieu juste après la destitution de Morsi, il s'agit de la première confrontation violente impliquant des pro-Morsi depuis une semaine. De source officielle, les affrontements ont fait 7 morts et 261 blessés au Caire.
Au moins 401 personnes ont été interpellées mardi à la suite des violences. Ces arrestations concernent le seul secteur de Ramses, siuté dans le centre de la capitale.
Les islamistes avaient appelé à une grande manifestation pour lundi. La foule immense des partisans des Frères musulmans a convergé vers une place du Caire où était déployé un drapeau national géant, entouré de portraits de Mohamed Morsi, toujours détenu dans un lieu tenu secret. Au fil de la soirée, la foule n’a cessé de grossir pour ce qui semble être l’un des plus importants rassemblements depuis le renversement du président.
itLes autorités ordonnent l’arrestation de 7 islamistes
D’autres manifestants se sont dirigés vers la Garde républicaine, "là où il y a tout juste une semaine, des sympathisants pro-Morsi ont été tués par des tirs de soldats", signale Sonia Dridi, correspondante de FRANCE 24 au Caire. Or l'armée avait fait savoir dans la journée qu'elle répondrait avec "la plus grande fermeté et sévérité" si des manifestants tentaient d'approcher ses bases ou d'y pénétrer.
Les autorités ont déjà ordonné lundi l'arrestation de sept personnalités islamistes, notamment des Frères musulmans, pour avoir commis des violences les jours qui ont précédé la destitution du président par l'armée, le 3 juillet.
Du côté des anti-Morsi, des centaines d’activistes se sont réunis sur la place Tahrir lundi soir. Le leader de la coalition libérale, Khaled Daoud, a affirmé à Sonia Dridi en début de soirée que pour le moment, la mobilisation n’était "pas très importante" mais qu’une "grande manifestation" était prévue vendredi prochain "en soutien au plan de transition de l’armée".
Les pro et les anti-Morsi refusent de rencontrer William Burns
Quel que soit leur lieu de manifestation, les pro et les anti-Morsi se sont trouvés un ennemi commun : les États-Unis. Alors que William Burns, le secrétaire d’État adjoint américain, s’est rendu en visite officielle au Caire lundi, les représentants du parti islamiste Al-Nour et ceux du parti anti-Morsi Tamarod ("Rébellion") ont refusé de le rencontrer.
"Depuis la révolution de 2011 le sentiment anti-américain est croissant, explique Sonia Dridi. Cette fois, les activistes (anti-Morsi) accusent les États-Unis d’avoir entretenu des liens trop étroits avec les Frères musulmans lorsqu’ils étaient au pouvoir. Ils reprochent également à Washington d’avoir demandé, il y a quelques jours, de relâcher Mohamed Morsi."
"D'abord, ils [les États-Unis] doivent reconnaître le nouveau système", a ainsi déclaré le fondateur de Tamarod, Mahmoud Badr. "En second lieu, ils doivent présenter leurs excuses pour leur soutien au parti des Frères musulmans et au terrorisme. Ensuite, on verra."
Visites officielles
En évitant de parler de coup d’État, les États-Unis se sont également attirés les foudres des Frères musulmans. Le parti Al-Nour, qui a accepté la prise en main de la situation par l'armée, dit pour sa part avoir rejeté l'invitation de William Burns en raison de l'intervention '"injustifiée" des États-Unis dans les affaires de l'Égypte.
Isolé, Williams Burns s’est donc contenté de visites officielles. Il a rencontré le général Al-Sissi ainsi que le nouveau Premier ministre, Hazem el-Beblaoui et le président par interim, Adli Mansour. Le responsable américain a appelé l'armée égyptienne à éviter les arrestations "politiquement motivées" et déclaré que les États-Unis ne tenteraient pas d'imposer leur modèle à l'Égypte, ni ne soutiendraient des partis ou des personnalités en particulier.
Avec dépêches