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Les coureurs s'attaquent au Mont-Ventoux, "le monument du Tour de France"

, envoyé spécial à Lyon – Le peloton du Tour de France va affronter un géant dimanche, le mythique Mont-Ventoux. Le "géant de Provence" est le terme de la 15ème étape de la Grande Boucle, la plus longue de ce Tour (242,5 km). Raymond Poulidor et Bernard Thévenet témoignent.

A date symbolique, rendez-vous mythique. À l’occasion du 14 juillet, la fête nationale française, le Tour de France va se frotter au Mont-Ventoux, lors de la 15e étape, la plus longue de cette Grande Boucle avec 242,5 kilomètres.

"C’est le géant de Provence. C’est le monument du Tour de France. Lorsqu’on l’escalade en plein mois de juillet avec la chaleur, c’est terrible. Après le chalet Reynard, il n’y a pas de nature. Ce sont les cailloux, le vent qui balaye toute la terre. C’est le désert." Interrogé par FRANCE 24, Raymond Poulidor, vainqueur en 1962 au sommet du Mont-Chauve, plante le décor. Un paysage lunaire.

"Des bouffées d’air à plus de 45°C !" 

"C’est le seul grand col que l’on voit à 80km à la ronde", indique Jean-François Pescheux, directeur des compétitions.  "On tourne autour avant de l’aborder et d’un seul coup on grimpe."

Le Tour a franchi à quatorze reprises le Ventoux depuis 1951. Mais l'arrivée de l'étape n'a été jugée au sommet qu'à huit reprises, la dernière en 2009 (victoire de l'Espagnol Juan Manuel Garate). Deux contre-la-montre et cinq étapes en ligne sont arrivés au Ventoux, où les Français se sont imposés à quatre reprises (Raymond Poulidor 1962, Bernard Thévenet 1972, Jean-François Bernard 1987, et Richard Virenque 2002).

"C’est une montée très particulière. C’est la seule montagne qui est comme ça, qui a poussé comme un champignon au milieu des plaines", explique à FRANCE 24 l’ancien double vainqueur du Tour, Bernard Thévenet. "Il y a des changements de pente, des changements de températures. Il y a la réverbération de la chaleur sur la route. On a des bouffées d’air à plus de 45°C ! Mais on est porté par la foule."

"Un sommet redoutable et très difficile"

Le Mont-Ventoux sera gravi cette année par Bédoin sur le versant sud. C'est là, dans la petite bourgade du Vaucluse entourée par les vignes, que commencent les 20,8 kilomètres d'ascension, d'une pente moyenne de 7,5 %, jusqu'à l'Observatoire à l'altitude de 1912 mètres.

"Il y a 6 km d’approche où ça monte à 5 % et où les équipiers finissent leur travail pour leur leader", détaille Charly Mottet, qui a monté le Ventoux en jaune en 1987. "Après le fameux virage de Saint-Estèphe, c’est là que commence réellement la montée. Une ascension très difficile à 10 % de moyenne. C’est très dur dans les bois jusqu’au Chalet Reynard pendant 10 km. Il n’y a pas un moment de répit. Après on arrive dans la caillasse et le phénomène de l’altitude commence à rentrer en compte", prévient le triple vainqueur du Grand Prix des Nations. "C’est là que la chaleur et le vent s’en mêlent. Quoi qu’il arrive c’est un sommet redoutable et très difficile."

Plus difficile même que l’Alpe d’Huez si l’on en croit ces spécialistes. "Il fait plus peur et il est plus dur que l’Alpe", confie ainsi Raymond Poulidor. "C’est beaucoup plus difficile que l’Alpe d’Huez", confirme Charly Mottet. "Le Ventoux, c’est pour moi la difficulté majeure de ce Tour de France."

"Montagne à drames" 

"Le Ventoux a une réputation de montagne à drames. L’Alpe d’Huez ça a plus une notion de joie", explique Bernard Thévenet. "Dans le Ventoux, il y a eu le drame Simpson (mort de l’Anglais en 1967 ndlr.), le drame Ferdi Kübler (le Suisse zigzague et pousse des cris lors de l’ascension en 1955 ndlr.), le drame Jean Malléjac (le Français est victime d’un malaise dû à un abus d’amphétamines en 1955 ndlr.) Il y a beaucoup de coureurs qui ont eu des défaillances terribles. Le Mont-Ventoux a gardé ce caractère qui fait un peu peur aux coureurs, mais qui en même temps les poussent à se surpasser car gagner en haut du Ventoux c’est une très belle ligne sur le palmarès."

Tous s’attendent donc à une belle bagarre dimanche. "Les coureurs pourront se donner à fond", annonce Charly Mottet. "Cela nous promet un grand spectacle" lors de l’ascension de la dernière montagne avant la mer, le "Tombeau d’un Dieu" comme le décrivait René Char.