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Twitter accepte de livrer des données à la justice française

Twitter a accepté vendredi de livrer à la justice française des données permettant d'identifier les auteurs de tweets antisémites. Pour l'Union des étudiants juifs de France, c'est une victoire.

Twitter a finalement cédé : la plateforme de microblogging a accepté vendredi 12 juillet de fournir à la justice française des données permettant l'identification de certains auteurs de tweets antisémites.

La transmission de ces données "met fin au litige" opposant Twitter et l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), a annoncé l'association. Les deux protagonistes ont également convenu de "poursuivre activement leur collaboration, afin de lutter contre le racisme et l'antisémitisme dans le respect de leurs législations nationales respectives". 

En octobre dernier, de nombreux messages antisémites avaient été postés sur Twitter, souvent affublés du hashtag (mot clé) #unbonjuif ou #unjuifmort. L’UEJF avait obtenu la suppression des tweets haineux, une première pour une demande émanant de particuliers.

Nom, localisation, adresse IP

Twitter s'engage ainsi à livrer un certain nombre de données à la justice. "Il s'agit de toutes les informations que l'utilisateur entre lors de l'inscription à Twitter comme le nom, la localisation, mais aussi l'adresse IP et ça concerne une soixantaine d'utilisateurs, qui ont écrit des messages à caractère raciste et antisémite avec le hashtag #unbonjuif", explique dans une interview à FRANCE 24 Jonathan Hayoun, président de l'UEFJ. Twitter devrait également mettre en place dans les prochains jours "un système de signalement des contenus illicites, un peu comme ce qui existe sur Facebook".

Réactions de Jonathan Hayoun, président de l'Union des étudiants juifs de France

Pour Jonathan Hayoun, président de l'UEJF, cette décision prouve que "Twitter devient un réseau social qui prend en main son rôle social"

La capitulation de Twitter a pris du temps. Pourtant auparavant, Facebook, Apple ou encore Google avaient réussi à s'entendre avec les associations antiracistes. Mais il a fallu batailler plus de 11 mois pour que le service de microblogging capitule. Aux États-Unis, il est prompt à invoquer le premier amendement à la Constitution, qui protège la liberté d'expression, pour refuser de fournir des données personnelles sur ses utilisateurs. "Twitter était le réseau social avec lequel nous avions le plus de mal à trouver un accord", témoigne Jonathan Hayoun. 

Victoire

L'UEJF, SOS Racisme et le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (Mrap), avaient, en octobre, assigné le site de microblogging en urgence devant le tribunal de grande instance de Paris. Fin janvier, la justice a enjoint Twitter de communiquer aux associations "les données en sa possession de nature à permettre l'identification de quiconque a contribué à la création de tweets manifestement illicites". La cour d'appel de Paris a confirmé le 12 juin dernier cette décision concernant les auteurs de tweets racistes ou antisémites.

Pour les associations, c'est une victoire. "Nous sommes très satisfaits, c'est la première fois que sur une décision de justice Twitter accepte de donner des informations personnelles sur des utilisateurs. C'est donc un grand pas dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme et le sentiment d'impunité que les gens pouvaient avoir en utilisant ce service", a réagi Jonathan Hayoun. "Nous espérons maintenant que le parquet poursuive ces personnes. Et s'il ne le fait pas nous envisagerons de le faire nous-mêmes".

Mais si Twitter livre les noms de ses utilisateurs, quid de la liberté d'expression sur Internet ? "Ce n'est pas une entorse à la liberté d'expression, au contraire nous protégeons la liberté d'expression de ceux qui pourraient être victimes de propos antisémites ou racistes sur l'Internet", estime Jonathan Hayoun. "Internet n'est pas un jeu vidéo sur lequel les personnes seraient moins responsables que dans la réalité", conclut-il.