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Le président portugais prône un accord de "salut national"

Alors que le Portugal traverse une grave crise politique qui a déstabilisé le gouvernement et inquiété les partenaires européens, le président portugais appelle la coalition de droite au pouvoir et l'opposition de gauche à un "salut national".

Le président portugais Anibal Cavaco Silva a souhaité mercredi la conclusion d'un accord de "salut national" entre la coalition gouvernementale de droite et l'opposition socialiste pour sortir de la crise politique que traverse le pays.

Le chef de l'Etat a précisé que le gouvernement du Premier ministre Pedro Passos Coelho resterait en place.

Il ne s'est en revanche pas prononcé sur le remaniement ministériel vers lequel le Portugal semblait se diriger après l'accord de compromis conclu vendredi entre le Parti social démocrate (PSD) du Premier ministre et ses partenaires du CDS-PP pour mettre fin à un désaccord au sein de la coalition.

L'accord droite-gauche proposé par Anibal Cavaco Silva impliquerait la tenue d'élections législatives anticipées une fois achevé, en juin 2014, le plan d'aide de 78 milliards d'euros accordé à Lisbonne par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI).

Les prochaines élections sont pour le moment programmées fin 2015.

"Cet accord doit se traduire par un soutien des trois partis, qui ont tous approuvé le plan de sauvetage, à des mesures qui permettront au Portugal de revenir sur les marchés début 2014 et de terminer son programme d'ajustement", a dit le chef de l'Etat dans une allocution télévisée.

"J'apporterai mon soutien le plus ferme à cet accord qui, dans la situation d'urgence actuelle, représente un engagement de salut national", a-t-il insisté.

Anibal Cavaco Silva, qui aurait pu se contenter d'approuver le remaniement ministériel attendu, s'est dit confiant dans le fait qu'un accord tripartite peut être conclu rapidement.

Les tensions au sein de la coalition gouvernementale ont éclaté au grand jour la semaine dernière avec la démission du ministre des Finances et de celui des Affaires étrangères, Pedro Portas, président du CDS-PP.

Instabilité accrue

Le chef du gouvernement Pedro Passos Coelho a proposé de nommer Pedro Portas vice-Premier ministre pour éviter que le CDS-PP, le plus petit et le plus à droite des deux partis, ne lui retire son soutien au Parlement.

Cette incertitude sur la pérennité de la coalition a ravivé les craintes de voir remis en cause le déroulement du plan d'aide de l'UE et du FMI.

Le rendement des obligations souveraines portugaises à dix ans a bondi de 6,4% à plus de 8% la semaine dernière, mais il est depuis revenu autour de 6,3%.

Selon les analystes, la proposition du chef de l'Etat pourrait cependant relancer l'agitation sur les marchés.

"Comparée au scénario d'un simple remaniement ministériel auquel on s'attendait, la solution proposée par le président semble créer davantage d'instabilité politique et pourrait être mal accueillie par les marchés", estime Filipe Garcia, directeur d'Informacao Mercados Financeiros.

Les socialistes ont appelé le chef de l'Etat à convoquer des élections anticipées, mais celui-ci s'y est jusqu'à présent refusé en faisant valoir qu'une telle initiative retarderait l'adoption du budget 2014, ce qui risquerait de contraindre le Portugal à solliciter un second plan de sauvetage.

"Un nouveau plan serait probablement plus astreignant et s'accompagnerait de conditions plus strictes, avec des effets directs et dramatiques sur la vie quotidienne des ménages", a souligné Anibal Cavaco Silva.

Le PSD et le CDS-PP ont indiqué qu'ils allaient étudier la proposition du chef de l'Etat avant de donner leur réponse.

"Je voudrais rappeler les mots du président affirmant que le gouvernement dispose pleinement de ses pouvoirs et doit continuer à exercer ses fonctions", a dit Luis Montenegro, président du groupe parlementaire du PSD.

Reuters

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