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Dans la revue de presse française, ce mardi, les interrogations des journaux sur le vrai-faux retour de Nicolas Sarkozy; le début du ramadan en France et l'histoire glaçante d'un révolutionnaire de la première heure en Libye, emprisonné dès le début de l'insurrection, trahi probablement par les écoutes d'une entreprise française.

Libération fête son 10 000e numéro! Et pour marquer ce cap, Libération se propose d’insister sur ce qui fait la force de ce journal de gauche : ses Unes. Pour chaque sujet traité, ce mardi, il y a une Une. De l’Egypte à la culture, en passant par l’économie, les titreurs du quotidien ont pu réaliser ce qui fait le fantasme de beaucoup de journalistes : trouver des jeux de mots, des photos intéressantes, bref tout ce qui fait une belle Une.
 

J'en ai relevé une, pas mal réussie  sur l’ex-président : "Non mais Sarko quoi!" C’est certes assez facile, mais ça marche, surtout en ce moment avec la popularité de l’expression de Nabilla.

Il faut dire que toute la presse s’intéresse à ce come-back de l’ex-président qui s’est exprimé hier devant les militants de l’UMP pour s’expliquer après l’invalidation de ses comptes de campagne par le Conseil constitutionnel. Vrai retour, faux retour, vrai-faux retour, la presse s’interroge.

"Sarkozy revient", affirme Le Parisien/Aujourd’hui en France, en Une, sans prendre de pincettes. Mais dans son édito, le journal nuance et explique que finalement, le discours d’hier était un "non-événement" et ne changerait rien à la donne à droite.

Pourtant, pour le Figaro, il s’agit bien d’une "feuille de route d'un future candidat". Et même s’il ne s’agit pas d’un vrai retour, Nicolas Sarkozy allant probablement retrouver le silence qu’il garde à peu près depuis sa défaite l’année dernière, l’ex-président a obtenu les preuves qu’il souhaitait : "la preuve qu’il suscite toujours autant l’intérêt médiatique, la preuve qu’il peut surprendre", explique le quotidien de droite, qui, il faut souligner, est l’un des seuls ce matin à ne pas faire de cette histoire sa Une.

Alors pour tenter d’y voir plus clair, je vous conseille le Huffington Post, qui se propose d’analyser le discours subliminal de Nicolas Sarkozy. Le journal en ligne décortique le texte et analyse chaque phrase. Exemple lorsque l’ex-président commence en disant que ceci n’est pas une rentrée politique, c’est un peu à la manière de Magritte, il faut évidemment entendre le contraire.

Plusieurs quotidiens s’intéressent aussi au ramadan, qui débute ce mardi en France.
Avec tout d’abord le portrait d’un jeune garçon de 15 ans, dans le Parisien, qui s’apprête à respecter son premier ramadan. Jusqu’ici Yacine avait essayé en jeûnant une demi-journée par jour, puis l’année dernière, en faisant deux semaines entières sur les quatre.
Pour lui, c’est un "défi". Il veut "se sentir grand, comme ses parents" et gagner en "sérénité". Les longues journées d’été ne lui font pas peur. Il jouera simplement moins au football. Et puis, il s’accordera aussi plus de grasses matinées. Pour une fois, il a même la bénédiction de ses parents pour cela.

Et à l’occasion de ce ramadan, Le Figaro s’intéresse au vote des musulmans de France.
Des musulmans qui selon le Figaro "votent à gauche toute". Le journal s’appuie sur une étude IFOP basée sur des enquêtes électorales de 2012. Un sondage assez rare, puisque les statistiques ethniques sont en principe interdites en France.

On apprend que 86% des personnes se déclarant comme musulmanes ont voté François Hollande au second tour (contre 14% seulement pour Nicolas Sarkozy).


Dès le premier tour, une grande majorité de ces votes s’étaient déjà porté sur le
candidat PS (57%) et surtout, c’est Jean-Luc Mélenchon qui arrivait à la seconde place avec 20%.
Les musulmans de France représenteraient, selon Le Figaro, environ 5% de l’ensemble des électeurs. De quoi influer d’un point et demi maximum au total, ce qui, en cas de vote serré, peut faire une différence. Or avec une victoire de François Hollande à 51,6% contre 48,4, c’était bien le cas en 2012, conclut le quotidien de droite.


On en vient maintenant à cette histoire étonnante dans Libération. Celle d’un ancien prisonnier en Libye, détenu dans les premières heures de la révolution et qui a passé toute l’insurrection en prison.
Il s’appelle Mohammed Gurman. Et il vient d’être entendu par deux juges d’instruction parisiens qui enquêtent sur l’entreprise française, Amesys, soupçonnée d’avoir mis en place un vaste système d’écoutes en Libye, durant le régime Kadhafi.
Le jeune révolutionnaire est l’une de ces personnes potentiellement écoutées grace aux technologies françaises. Et il témoigne pour la première fois dans la presse. Son récit est glaçant.


Le jeune homme a été arrêté juste avant la révolution pour avoir tenté de mobiliser les libyens sur Facebook. A l’époque, il voulait suivre l’exemple des Tunisiens.
Il raconte avoir été mis entre les mains de celui qu’il appelle "le Docteur", un homme dont les méthodes pour le faire avouer n’avaient pas de limites.
Coups de bâtons, chocs électriques, pendaison par les pieds, on le force à avaler plusieurs litres d’eau... Tout ça pour lui faire dire qu’il a bien posté des messages sur Facebook et Twitter.


Puis, il est jeté en prison, la pire du pays
. Trois personnes dans une cellule de 4m2, infestée de rats. Encore des tortures. Mohammed y passera 6 mois. Les 6 mois de la révolution. Il ne verra rien des combats. Il est libéré au moment de la chute de Tripoli, le 24 août 2011, traumatisé. Sa famille le croyait mort.