La ministre des Français de l'étranger, Hélène Conway-Mouret, lance une campagne d’information pour sensibiliser les esprits sur la question des mariages forcés. Un phénomène qui toucherait environ 70 000 Françaises.
En France, 70 000 jeunes femmes seraient potentiellement menacées d'être mariées de force, selon une estimation du Haut conseil à l'intégration. Pour éradiquer cette pratique, la Commission nationale consultative des droits de l'Homme (CNCDH) a remis, lundi 8 juillet, quinze recommandations au gouvernement pour améliorer les droits des femmes étrangères en France, afin de les protéger notamment contre les mariages forcés et les répudiations. "C’est une pratique dont on parle peu en France mais qui est bien réelle", confie Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée aux Français de l’étranger à FRANCE 24.
Dix cas de mariage forcé traités en France
En théorie, on parle de mariage forcé pour toute personne qui n’a pas librement consentie à son union. "Le plus souvent, il s’agit de mariage arrangé par les parents avec un membre de la même famille vivant dans le pays dont la famille est issue", explique la ministre.
Bien que seulement dix cas de mariage forcé n'aient été traités dans les consulats de France depuis janvier 2013, le ministère des Français de l’étranger entend bien communiquer sur le sujet. "Si notre travail nous permet de sauver, ne serait-ce qu’une jeune femme, c’est toujours une vie de sauvée", plaide la ministre. Les pays à risques, où des cas de mariage forcés ont été recensés, se concentrent principalement sur le Maghreb ainsi que le Sénégal, le Mali et la Guinée Conakry. "Ces pays correspondent à l’immigration française", précise Hélène Conway-Mouret.
"Séquestrées, violées, sans papier"
D’après le ministère, le travail de communication doit s’effectuer au début des congés scolaires car c’est à ce moment de l’année que les jeunes filles, le plus souvent âgées de 14 à 24 ans, croyant partir en vacances, se retrouvent mariées de force pour répondre à la volonté familiale et à la tradition. "Elles se retrouvent dans une grande détresse psychologique, séquestrées, violées, sans papier d’identité ni portable, qui leur ont été confisqués", souligne la ministre.
La campagne d’information et de prévention est destinée aux familles, mais pas seulement. "Il est important que les chefs d’établissement soient aussi sensibilisés à la question pour contacter les autorités, dans le cas où une jeune fille ne serait pas présente pas à la rentrée scolaire parce qu’elle est restée mariée à l’étranger", ajoute Hélène Conway-Mouret.
Le travail de sensibilisation concerne également les consulats. Un guide "des bonnes pratiques" va notamment être distribué aux agents consulaires, "souvent démunis" en pareilles circonstances.
Soutien et accompagnement
"Il est difficile pour les jeunes femmes de réintégrer la famille qui les a marié de force. C'est la raison pour laquelle beaucoup d’entre elles préfèrent ne rien faire pour ne pas se retrouver seules", renchérit le membre du gouvernement. Le Quai d’Orsay entend donc, en partenariat avec des associations, assurer un accompagnement aux jeunes filles qui ont eu "le courage de se présenter au consulat".
Une lueur d'espoir éclaircit tout de même le tableau : le nombre de mariages forcés tend à diminuer avec le temps. "De plus en plus de jeunes filles françaises refusent de se soumettre à ce genre de pratiques", constate la ministre. Et de conclure : "on peut imaginer qu’à l’avenir que ce phénomène disparaisse en France".