Les députés britanniques ont voté en première lecture pour une loi garantissant la tenue d'ici à 2017 d'un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'Union européenne. Un texte qui est loin, toutefois, d'être entériné.
Quitter ou ne pas quitter l'Union européenne (UE) ? Le dilemme shakespearien a agité vendredi 5 juillet les députés britanniques réunis au Parlement.
Les députés britanniques ont voté en première lecture en faveur d'une proposition de loi introduite par les eurosceptiques avec la bénédiction de David Cameron, destinée à garantir l'organisation d'un référendum sur l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE d'ici à 2017.
Les 304 députés présents, sur les 650 que compte la Chambre des Communes, presque tous conservateurs, ont approuvé à l'unanimité ce texte, ouvrant la voie à la suite d'un processus parlementaire dont l'issue s'annonce toutefois incertaine étant donné l'opposition du Parti travailliste et des libéraux-démocrates.
Les députés conservateurs étaient venus en force pour débattre de la proposition de loi introduite par l'un des leurs, l'eurosceptique James Wharton, qui stipule qu'un référendum "doit être organisé avant le 31 décembre 2017" sur la question suivante : "Pensez-vous que le Royaume-Uni doit être membre de l'Union européenne ?"
Six députés travaillistes ont joint leurs votes à ceux des Tories en faveur du texte. Le Labour dans son ensemble s'oppose à ce projet de loi, tout comme les libéraux-démocrates, alliés pro-européens des conservateurs dans le gouvernement de coalition.
Le ministre conservateur des Affaires étrangères, William Hague, s'est dit "très heureux" du résultat du vote. Il a cependant ajouté que les travaillistes avaient essayé de faire échouer le projet de loi, ce qui "suggère qu'ils tenteront ultérieurement de le bloquer de diverses façons".
"Mais c'est un bon début pour le texte de loi, cela renforce notre engagement à organiser un référendum d'ici la fin 2017, pour ou contre le maintien dans une Union européenne réformée", a-t-il dit à la BBC.
Le Premier ministre David Cameron avait annoncé en janvier qu'il voulait renégocier les termes de l'appartenance du Royaume-Uni à l'UE et organiser ensuite, s'il était réélu en 2015, un référendum d'ici fin 2017 sur le sujet.
Désamorcer la surenchère eurosceptique
Mais, sur fond de percée électorale du parti populiste et anti-européen UKIP, la frange eurosceptique des Tories a réclamé que le référendum sur l'UE ait lieu plus tôt ou, au moins, des garanties sur sa tenue. Ce projet de loi vise à désamorcer la surenchère eurosceptique qui déchire le parti conservateur, en inscrivant dans la loi la promesse d'un référendum.
Faute de pouvoir présenter un projet de loi gouvernemental, en raison de l'opposition des libéraux-démocrates, les conservateurs ont contourné le problème en chargeant un de leurs députés de présenter en son nom une proposition en ce sens.
"En proposant cette loi, je parle au nom de nombreux députés dans cette enceinte, je parle au nom de millions de personnes à l'extérieur", a assuré James Wharton au début de la discussion parlementaire vendredi matin.
David Cameron a apporté son soutien au texte et promis de faire "tout ce qui était en son pouvoir pour appuyer cette proposition et la faire passer" afin de "pouvoir renégocier [les conditions de l'appartenance britannique à l'UE] et donner un véritable choix à l'opinion avant la fin 2017".
Selon un sondage ICM publié le mois dernier, 35 % des Britanniques sont favorables à l'organisation immédiate d'un référendum et 43 % disent qu'ils voteraient, le cas échéant, pour une sortie de l'UE.
Avec dépêches