logo

Crise en Égypte : Quand Twitter s'essaye à la traduction de l'arabe

Le site de microblogging a mis en place un outil de traduction automatique des tweets en arabe de certains comptes afin que les abonnés puissent "comprendre ce qui se passe en Égypte”. Mais le résultat est très approximatif.

L’occasion était trop belle, le résultat plus que mitigé. Twitter tente de profiter des événements en cours en Égypte pour déployer une nouvelle fonctionnalité : la traduction en direct des tweets. Le célèbre réseau de microblogging a ajouté, mercredi 3 juillet, un petit bouton “traduire” en haut des messages en arabe d’une soixantaine de comptes sélectionnés par Twitter et censés représenter les “voix importantes” de l’actualité égyptienne.

Cette fonction, testée en interne chez Twitter depuis plus d’un an, doit permettre aux non-arabophones, parlant l’une des quarante langues officiellement cours sur Twitter, de “mieux comprendre ce qui se passe en Égypte”, assure le site de microblogging.

Pas si sûr. Les comptes sélectionnés sont certes parmi les plus influents en Égypte : on y trouve le fil officiel de Mohamed Morsi, celui de l’opposant Mohamed El Baradei ou encore de Wael Ghonim - l’une des voix les plus influentes de la révolution qui a mis fin, en 2011, au régime de Moubarak - et celui d’Al Arabya Egypt. Mais les traductions de leurs gazouillis depuis la chute de Mohamed Morsi peuvent laisser perplexe.

Bing et bang

La traduction automatique passe par un outil développé par Microsoft pour Bing, son moteur de recherche concurrent à Google. Il permet, au mieux, de comprendre le sens général des tweets, mais pas leur signification précise. Le message du 27 juin par lequel l’ex-président Mohamed Morsi déclarait "à la jeunesse égyptienne, j’avoue que vous n’avez pas eu ce qui vous est dû dans la période qui a suivi la révolution, je respecte vos rêves et je ressens vos douleurs" devient,  avec la traduction automatique, “Jeune msaraatrf vous n'avez pas takhzawahkkm dans mrhalhmabad althorhakdrahalamkm et je ressens votre douleur”. Lorsque Wael Ghonim, dans un tweet du 4 juillet, fait dire à Morsi pour résumer son parcours au pouvoir “Je suis revenu, j’ai trahi mes promesses, j’ai exclu, j’ai échoué, j’ai divisé et je suis parti…”, Bing Translator transforme cette phrase en : “Promis lui cassé et a été éliminé et ont échoué et puis déporté".

Autant d'exemples qui soulignent les limites actuelles de cette technologie. Pourquoi, dans ces conditions, Twitter a-t-il décidé de déployer cette fonction, ne serait-ce qu’en test, au risque de déformer des propos parfois sensibles ? Pour le site américain d’information Quartz, c’est un moyen pour le service de microblogging de continuer à apparaître “comme le média privilégié des soulèvements arabes”.