L’homme d’affaires, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, a laissé à son fils Laurent le soin de monter un site - affairetapie.info - afin de présenter “sa" vérité de l’arbitrage controversé dans l’affaire Adidas/Crédit Lyonnais.
On n’est jamais mieux défendu que par soi même... ou par son fils. Un livre, une tournée médiatique et dorénavant aussi un site internet : Bernard Tapie saute d’un média à l’autre pour asséner sa “vérité” sur l’affaire Adidas/Crédit Lyonnais/Lagarde.
C’est lors de l’entretien accordé au 20 h de France 2, lundi 1er juillet, que l’homme d’affaires mis en examen pour escroquerie en bande organisée dans l'affaire de l'arbitrage controversé a lancé sa dernière salve : le lancement de affairetapie.info.
Il n’est pas, cette fois-ci, directement à la manœuvre. C’est son fils, Laurent Tapie, qui est derrière cette opération “transparence”. Une initiative qui affiche clairement son ambition : prouver l’innocence du pater familias et pointer du doigt les responsables de la “VRAIE [les majuscules sont le fait de l’auteur du site] escroquerie”. “Je ne fais preuve d’aucune subjectivité dans les informations que je donne sur ce site. Car il n’en est nul besoin. Les simples faits suffisent”, affirme Laurent Tapie en présentation de son “action-vérité” sur Internet.
Tous contre un et un contre “la bande”
Le site, dont la mise en page renvoie une période du Web que les moins de vingt ans ne connaissent probablement pas, met ainsi en avant une galerie de portraits des personnages qui, d’après Laurent Tapie, ont menti, déformé les faits et devraient être mis en cause dans cette affaire. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault y est rangé dans le même sac que l’ex-ministre socialiste du Budget Jérôme Cahuzac, que Jean Peyrelevade (le patron du Crédit Lyonnais à l’époque de la vente d’Adidas) ou encore que le journaliste de Mediapart (ex-Libération) Laurent Mauduit. Ce dernier est accusé par le fils de harcèlement contre Bernard Tapie, tandis que Jean Peyrelevade est qualifié d’”ennemi de longue date” qui est “l’instigateur de la campagne médiatique” visant à dénigrer l’homme d’affaires.
À noter que les seuls politiques pris pour cible par le site sont du Parti socialiste ou du Modem. Aucun représentant de l’UMP n’y est épinglé. Tout est fait pour donner l’impression que Bernard Tapie se bat seul contre un “establishment” qui aurait tout mis en œuvre pour le faire couler.
Cette logique du “tous contre un et un contre tous” se retrouve d’ailleurs tout au long du très détaillé exposé de la procédure judiciaire. Chaque affirmation à charge contre Bernard Tapie est attribuée à “la bande” [de détracteurs, NDLR] et le site tente de démonter une à une toutes les accusations qui ont pu être portées contre l’ex-dirigeant d’Adidas.
Mais de révélations sur le site - comme Bernard Tapie l’avait promis lors de son passage au journal de France 2 - aucune trace. Pour l’instant ? “Le site est en cours de finalisation, nous sommes en train d’ajouter les derniers éléments”, peut-on lire en page d’accueil d’affairetapie.info.