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Démission du ministre des Finances, architecte de la cure d'austérité

Architecte de la cure d'austérité imposée au Portugal, le ministre portugais des Finances Vitor Gaspar a démissionné. Un départ inattendu malgré les nombreuses critiques dont il faisait l'objet.

Le ministre portugais des Finances, Vitor Gaspar, fervent partisan de la rigueur budgétaire recommandée par les créanciers de ce pays sous assistance financière, a démissionné, lundi 1er juillet, après avoir vu sa recette aggraver la récession et le mécontentement social.

Le Premier ministre refuse la démission du ministre des Affaires étrangères

Vingt-quatre heures après la démission de Vitor Gaspar, le ministre portugais des Affaires étrangères Paulo Portas a lui aussi voulu jeter l’éponge mardi. Mais le Premier ministre, Pedro Passos Coelho, a refusé son départ du gouvernement.

"Il serait précipité d'accepter cette démission" face à la "menace d'instabilité politique que cela entrainerait", a indiqué Passos Coelho dans une déclaration à la nation. Accepter le départ de Portas "reviendrait à balayer deux années de sacrifices", a souligné le Premier ministre.

Il sera remplacé par l'actuelle secrétaire au Trésor Maria Luis de Albuquerque. La Commission européenne a réagi en demandant au Portugal de "maintenir le rythme des réforme".

Démission inattendue

La démission de Vitor Gaspar est inattendue même si de nombreux Portugais lui reprochaient d'avoir mis en œuvre les politiques d'austérité de ces dernières années et s'il était critiqué par l'un des partis de la coalition de centre-droit au pouvoir à Lisbonne.

"Cette démission est une surprise pour la société portugaise, comme pour la plupart du monde politique. Il s'agit du départ du plus important ministre des Finances du Portugal des dernières décennies", a estimé à la télévision le politologue Antonio Costa Pinto, cité par l'AFP.

Dans sa lettre de démission adressée au Premier ministre, il explique son départ par l'érosion croissante du soutien du grand public au plan d'ajustement mis en œuvre par Lisbonne. "Les risques et les défis (...) à venir sont considérables. Ils nécessitent une cohésion au sein du gouvernement. Je suis intimement convaincu que mon départ contribuera à renforcer votre autorité et cette cohésion", écrit-il.

Depuis que le Portugal bénéficie d'un plan de sauvetage M. Gaspar, 52 ans, qui avait jusqu'à présent bénéficié du soutien sans faille du Premier ministre, a été le principal architecte de la politique du gouvernement destinée à redresser les finances publiques.

De l'avis général, son principal mérite est d'avoir contribué au retour progressif du pays sur les marchés financiers, avec en particulier la réussite début mai d'une émission de dette à 10 ans.

Mécontentement social

Mais ses détracteurs considèrent que son application stricte des recommandations de la "troïka" (UE-BCE-FMI) en matière d'austérité sont en grande partie responsable d'un fort mécontentement social et de dissensions au sein même de la coalition au pouvoir depuis juin 2011.

Ce mécontentement s'est exprimé par des manifestations à répétition et pas moins de quatre grèves générales depuis l'arrivée au pouvoir en juin 2011 de la coalition de centre-droit, la dernière en date jeudi dernier.

Les difficultés rencontrées par M. Gaspar pour la mise en œuvre du plan d'aide ont conduit la "troïka" des bailleurs de fonds (UE-BCE-FMI) à alléger par deux fois, en mars et septembre de l'année dernière, les objectifs budgétaires du gouvernement et lui donner jusqu'à 2015 pour parvenir à ramener le déficit publique dans la limite de 3%, fixée par Bruxelles.

"La répétition des dérapages a miné ma crédibilité en tant que ministre des Finances", a reconnu M. Gaspar dans sa lettre de démission au Premier ministre.

"Les niveaux de chômage et du chômage des jeunes sont très graves", a-t-il admis tout en soulignant la nécessité d'une "réponse efficace et urgente au niveau européen et national", semblant ainsi reconnaître les insuffisances de la politique de rigueur pour laquelle il a été néanmoins félicité à plusieurs reprises par les bailleurs de fonds.

M. Gaspar a également reconnu que sa politique avait provoqué des dissensions au sein du gouvernement alors que "les risques et les défis" auquel le pays fait face "exigent la cohésion". "Je suis convaincu que mon départ contribuera à renforcer la cohésion de l'équipe gouvernementale", a-t-il écrit.

Avant d'occuper le poste des Finances M. Gaspar, considéré comme un grand spécialiste des problèmes financiers, avait été successivement directeur-général du Bureau des conseillers de politique européenne (BEPA) auprès du président de la Commission européenne puis conseiller à la Banque du Portugal.

Avec dépêches
 

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