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L’opposition lance un ultimatum à Morsi, quatre ministres démissionnent

Au lendemain des manifestations anti-Morsi en Égypte qui ont réuni plusieurs millions de personnes, l'opposition a appelé le chef d'État à quitter le pouvoir d'ici mardi 17 heures. Quatre ministres ont par ailleurs démissionné.

Le QG des Frères musulmans attaqué au Caire

Le siège des Frères musulmans, situé dans le quartier du Mokkatam, sur les hauteurs du Caire, a été saccagé et partiellement incendié par des centaines de jeunes dans la nuit de dimanche à lundi. Les Frères musulmans ont déclaré lundi qu'ils ne toléreraient plus ce genre d'attaques.

Le porte-parole de la confrérie, dont est issu le chef de l'Etat, a précisé à Reuters que la formation de milices d'autodéfense, sur le modèle des "comités de défense populaire" formés pendant le soulèvement contre Hosni Moubarak en 2011, était à l'étude.
 

Quatre ministres - du Tourisme, de l'Environnement, des Communications et des Affaires juridiques et parlementaires - ont présenté leur démission lundi 1er juillet, au lendemain de manifestations monstres qui ont réuni des millions d'Égyptiens à travers le pays pour réclamer le départ du président Mohamed Morsi.

Lundi après-midi, les dirigeants du Front de salut national (FSN), principale coalition d'opposants laïcs, doivent se réunir pour décider de leur stratégie, après avoir estimé que les manifestations "confirment la chute du régime de Mohamed Morsi et des Frères musulmans." L'opposition n’est donc pas prête de relâcher la pression. En effet, le mouvement Tamarrod, à l'origine de la contestation contre le pouvoir égyptien, a appelé lundi le chef de l'Etat à quitter le pouvoir avant mardi menaçant d'engager un mouvement de "désobéissance civile".

"Nous donnons à Mohamed Morsi jusqu'à mardi 2 juillet à 17heures pour quitter le pouvoir et permettre aux institutions étatiques de préparer une élection présidentielle anticipée", affirme un communiqué de Tamarrod publié sur son site internet. En cas de refus, "mardi 17heures sera le début d'une campagne de désobéissance civile totale".
"Prêts à mourir"
Évoquant la détermination des opposants qui se disent "prêts à mourir", Gallagher Fenwick, envoyé spécial de FRANCE 24, témoigne du climat d’inquiétude qui semble s’être abattu sur l’Égypte : "La plus haute autorité islamique du pays a prévenu que si ces deux camps tout à fait opposés ne parviennent pas à dialoguer, c’est tout simplement la menace d’une guerre civile qui pointe à l’horizon".
Dans une interview accordée au journal britannique "The Guardian" publiée dimanche, Mohamed Morsi, premier président élu démocratiquement depuis la chute de son prédécesseur Hosni Moubarak en février 2011, se disait de son côté déterminé à tenir tête à ce qu'il présente comme une remise en cause antidémocratique de sa légitimité électorale, émanant selon lui de partisans de l'ancien régime. S'il cède face à la pression de la rue, fait-il valoir, "il y aura toujours des gens pour s'opposer au nouveau président et, une semaine ou un mois plus tard, ils demanderont sa démission".
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" Le mouvement menace d'engager la population dans la désobéissance civile".
L’opposition lance un ultimatum à Morsi, quatre ministres démissionnent
Toutefois, dimanche, un porte-parole de Mohamed Morsi a cependant reconnu que le chef d'État avait commis des erreurs, tout en estimant que les manifestations s'étaient dans l'ensemble déroulées pacifiquement, et qu'il s'agissait d'un "nouveau jour de pratique de la démocratie".
L’économie au cœur des revendications

Si les opposants dénoncent une dérive autoritaire du chef de l'État et accusent les Frères musulmans de vouloir accaparer tous les pouvoirs, ils s’élèvent également contre la dégradation de leurs conditions de vie alors que la situation économique s'est détériorée depuis la révolution de 2011. La crainte de voir l'essence venir à manquer - le pays connaît déjà des pénuries sporadiques depuis des mois - entraîne depuis plusieurs jours une ruée sur les stations service. Les pharmacies ou les épiceries sont également remplies de clients faisant des achats de précaution.

Dimanche, les affrontements entre partisans et adversaires du président Mohamed Morsi ont fait au moins seize morts et plus de 600 blessés en Egypte, selon un nouveau bilan obtenu dans la nuit auprès de la sécurité et des services de secours.
 
Parmi eux, deux décès par balle ont été signalés lors de l'attaque du siège national des Frères musulmans, dans une banlieue du Caire. Le bâtiment a été attaqué par des centaines de personnes et a été incendié.
Avec dépêches