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L'Europe espionnée à grande échelle par la NSA

Les Européens ont exigé des explications sur l'espionnage américain, qui aurait visé les institutions de l'UE, alors que le "Guardian" a affirmé dimanche que la France, l'Italie et la Grèce figuraient parmi les 38 "cibles" surveillées par la NSA.

Le scandale des programmes américains de cybersurveillance et d'écoutes a pris
un tour nouveau ce week-end avec les révélations du "Spiegel" et du "Guardian" sur l'espionnage supposé de l'Union européenne et de pays européens par les États-Unis.

Après la publication d’un article de l’hebdomadaire allemand "Der Spiegel" samedi détaillant comment l’Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a espionné les délégations de l’Union européenne à Washington, New York, et même Bruxelles, le "Guardian" a révélé, dimanche soir, que 38 ambassades et missions diplomatiques, parmi lesquelles la France, l'Italie et la Grèce, sont décrites comme des "cibles".

Ainsi le quotidien britannique a rapporté que l'ambassade de France à Washington de même que la mission française aux Nations unies, entre autres représentations étrangères, avaient été placées sur écoutes par les services américains.

Trente-huit ambassades européennes ciblées

Le "Guardian", qui s'appuie sur un document de septembre 2010 obtenu auprès d'Edward Snowden, l'ex-consultant informatique de la National Security Agency (NSA), confirme aussi ce que le "Spiegel" rapportait dès samedi : les représentations de l'Union européenne ont également été mises sur écoute à Washington, à Bruxelles et à l'ONU.

Au total, écrit le "Guardian", 38 ambassades et missions diplomatiques, parmi lesquelles la France, l'Italie et la Grèce, sont décrites comme des "cibles" par ce document qui "détaille une gamme extraordinaire de méthodes d'espionnage utilisées contre chacune de ces cibles, allant de micros dissimulés dans des équipements électroniques de communication à des branchements sur des câbles ou à la collecte de transmissions au moyen d'antennes spéciales".

Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui est monté au créneau dimanche 30 juin, a dénoncé des faits qui, "s’ils étaient confirmés, seraient tout à fait inacceptables".

Berlin a également exigé des explications immédiates à travers la voix de sa ministre de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger. "Cela dépasse notre imagination que nos amis américains considèrent les Européens comme des ennemis (…) Si les informations des médias sont exactes, ce n'est pas sans rappeler des actions entre ennemis pendant la Guerre froide", a-t-elle déclaré.

Tensions diplomatiques

Ces révélations d’espionnage ont jeté un froid sur les relations transatlantiques au moment où Bruxelles et Washington entament des négociations délicates sur un traité de libre-échange.

Le député européen écologiste Daniel Cohn-Bendit a ainsi appelé à une rupture immédiate de ces négociations tant qu'un accord ne serait pas signé avec les États-Unis sur la protection des données

Avec dépêches