Le procès en appel du rappeur tunisien Weld el 15, qui devait avoir lieu ce mardi, a été reporté au 2 juillet. Le jeune chanteur a été condamné le 13 juin à deux ans de prison ferme pour avoir insulté la police dans une chanson.
Le verdict du procès en appel du rappeur tunisien Alaa Yaâcoubi, condamné à deux de prison pour une chanson insultant la police, a été reporté au 2 juillet, a indiqué mardi son avocat.
"L'annonce du verdict est reportée au 2 juillet avec refus de la libération (conditionnelle). Nous espérons que ça veut dire que la cour va bien étudier le dossier, les plaidoiries. Le combat continue", a indiqué Me Ghazi Mrabet.
Dans un premier temps, la cour avait fait savoir aux défenseurs du rappeur, connu sous le nom de Weld El 15, qu'elle rendrait sa décision en fin d'après-midi.
Mardi, pendant trois heures d'audience, une dizaine d'avocats ont plaidé pour le respect de la liberté artistique et d'expression.
Weld El 15, condamné le 13 juin après s'être livré à la justice en contestant sa condamnation par contumace à la même peine en mars, était vêtu d'un t-shirt noir portant dans le dos l'inscription "mains menottées, esprit libre" pour cette audience en appel dont la date a été fixée en un temps record.
Il s'est défendu au nom de la liberté artistique. "C'est comme les scènes de violences dans les films", a-t-il dit, au sujet de sa chanson baptisée "Les policiers sont des chiens", dans laquelle les insultes fusent contre la police.
Plusieurs avocats ont usé des mêmes arguments et souligné que la révolution de janvier 2011 avait donné au peuple tunisien sa liberté d'expression.
Me Mrabet a dès lors qualifié l'audience de "procès historique".
"Au départ nous n'avons pas voulu politiser l'affaire mais le jugement de première instance a fait de Weld El 15 un prisonnier politique, car il s'est exprimé dans une chanson", a-t-il dit.
"Il s'agit d'une vengeance contre la jeunesse qui a fait la révolution mais a été trahie car elle n'a plus le droit de s'exprimer", a-t-il martelé.
Devant le tribunal, plusieurs dizaines d'amis, de militants des droits de l'homme et de partis politiques ainsi que des artistes étaient présents jusqu'en début soirée pour témoigner leur soutien au chanteur.
"Ce procès est politique, (Weld El 15) doit sortir, il n'y a pas le choix sinon aujourd'hui ça risque (...) de mettre le feu aux quartiers", a prévenu avant le début de l'audience BendirMan, un chanteur tunisien engagé.
Le chef du gouvernement, Ali Larayedh, en visite à Bruxelles, a lui été confronté à des militantes seins nus manifestant pour la libération de Weld El 15 et celle de quatre activistes du groupe féministe Femen, trois Européennes et une Tunisienne, emprisonnées en Tunisie.
La sévérité de la peine infligée à Weld El 15 avait été accueillie le 13 juin par des cris de colère suivis de heurts entre les amis du condamné et les policiers qui ont brutalisé des manifestants et frappé des journalistes présents.
Les ONG de défense des droits de l'Homme ont dénoncé cette condamnation, y voyant une atteinte à la liberté d'expression acquise avec la révolution de janvier 2011.
AFP