logo

Chili : le président élu José Antonio Kast, un admirateur de Pinochet opposé à l'IVG
José Antonio Kast a été élu, dimanche, président du Chili. Moins exubérant que d'autres dirigeants d'extrême droite, il véhicule une idéologie qui n'en est pas moins radicale. Cet ultraconservateur notamment opposé à l'avortement est également un admirateur assumé du dictateur Augusto Pinochet.
José Antonio Kast après sa victoire au second tour de la présidentielle chilienne à Santiago, le 14 décembre 2025. © Juan Gonzalez, Reuters

Élu dimanche 14 décembre à la tête du Chili avec 58 % des suffrages, José Antonio Kast est un ultraconservateur et admirateur assumé du dictateur Augusto Pinochet.

Cet avocat d'extrême droite et ancien député de 59 ans est le benjamin d'une fratrie de dix enfants. Son père, né en Allemagne, s'est installé au Chili après la Seconde Guerre mondiale et y a fondé une entreprise de charcuterie prospère.

Des enquêtes menées par des médias en 2021 ont révélé que ce dernier avait été membre du parti d'Adolf Hitler. José Antonio Kast nie qu'il ait été un partisan du mouvement nazi et affirme que son père a été enrôlé de force dans l'armée allemande.

À (re)lire Au Chili, la droite ultraconservatrice met la main sur la rédaction de la nouvelle Constitution

Membre du Mouvement de Schönstatt, un courant catholique conservateur d'origine allemande, le nouveau président élu est marié et père de neuf enfants. Il considère la famille sous sa forme traditionnelle – avec un père, une mère et des enfants – comme le "noyau fondamental de la société".

S'il a soigneusement évité de répéter ses positions en matière sociétale durant sa campagne, José Antonio Kast s'est dans le passé dit opposé à l'avortement même en cas de viol, à la pilule du lendemain, au divorce et au mariage entre personnes de même sexe.

"Un loup déguisé" en agneau

Son style dénote par rapport à celui d'autres dirigeants passés ou actuels auxquels il est parfois comparé, comme le Brésilien Jair Bolsonaro ou l'Argentin Javier Milei. Il "n'a pas une personnalité très charismatique", juge Robert Funk, professeur de sciences politiques à l'Université du Chili, mais il est "beaucoup plus conservateur".

Il "est perçu comme très sobre, très pragmatique, posé et calme", estime pour sa part Amanda Marton, coautrice du livre "Kast, l'extrême droite à la chilienne".

"C'est un homme simple, calme" et qui "n'a jamais un mot de trop", apprécie Sergio Inostroza, retraité de 66 ans interrogé à Temuco, dans le sud du pays.

Erika Arredondo, 70 ans, dit au contraire "avoir très peur" d'un gouvernement Kast, un homme que cette retraitée de Santiago décrit comme "un loup déguisé" en agneau.

Par le passé, José Antonio Kast a affirmé que, selon lui, l'ancien dictateur Pinochet (1973-1990), mort en 2006, aurait voté pour lui s'il avait été encore en vie.

"L'ordre et la sécurité" promis

Pour sa troisième course à la présidence, José Antonio Kast a relégué au second plan un agenda conservateur qui lui avait coûté des voix lors de sa précédente candidature face à Gabriel Boric en 2021.

Sa campagne a surtout reposé sur une promesse centrale : lutter de manière "implacable" contre la criminalité et les étrangers en situation irrégulière. "Si cela ne se fait pas volontairement, nous irons les chercher" pour les expulser, a-t-il menacé.

Il rend les quelque 340 000 migrants sans papiers vivant au Chili – en majorité des Vénézuéliens – responsables de la recrudescence de la délinquance.

Lors de ses meetings, abrité derrière une vitre pare-balles dans l'un des pays pourtant les plus sûrs d'Amérique latine, il a présenté le Chili comme étant en proie au "chaos" et a promis "l'ordre et la sécurité".

Chiffres et experts nuancent fortement ce constat alarmiste. Au Chili, on constate "une augmentation de l'insécurité qui est relative et (...) bien inférieure à celle d'autres pays de la région", souligne Guillaume Long, analyste au Centre d'études économiques et politiques.

"Soit tu es avec lui, soit il est contre toi"

Dans les moments de tension, José Antonio Kast laisse échapper un sourire nerveux. Il lui arrive de se montrer autoritaire, selon d'anciens collaborateurs.

"Soit tu es avec lui, soit il est contre toi", témoigne auprès de l'AFP la journaliste Lily Zuñiga, qui a œuvré à ses côtés lorsqu'il était secrétaire général de l'Union démocrate indépendante (UDI), le parti auquel il a appartenu pendant deux décennies.

Député pendant 16 ans, José Antonio Kast a démissionné de l'UDI en 2016, estimant que le parti avait abandonné ses principes conservateurs. En 2019, il a créé le Parti républicain, formation d'extrême droite qu'il dirige depuis.

Avec AFP