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Le nouveau gouverneur islamiste de Louxor démissionne

L'ex-dirigeant de la Gama'a al Islamiya qui avait été nommé gouverneur de Louxor a annoncé sa démission dimanche. Six militants de ce groupe islamiste radical avaient tué 58 touristes étrangers dans un temple de la cité touristique en 1997.

Le fraîchement nommé gouverneur de la ville touristique de Louxor, Adel Mohamed al-Khayat, a annoncé, dimanche 23 juin, lors d'une conférence de presse retransmise à la télévision avoir décidé de "présenter [sa] démission au Premier ministre Hicham Qandil". Il a déclaré refuser qu'"une seule goutte de sang" soit versée en raison de sa nomination. Responsable au sein du Parti de la construction et du développement, la branche politique du groupe islamiste radical Gamaa Islamiya, il avait été nommé gouverneur de Louxor par décret présidentiel il y a une semaine, tout comme 16 autres personnes, dont plusieurs islamistes et militaires.

La nomination de cet ex-dirigeant de la Gama’a al Islamiya, le groupe responsable de l’assassinat de 58 touristes étrangers dans un temple de la ville en 1997, avait déclenché la colère de certains habitants. En première ligne : les employés du secteur touristique qui avaient considérablement souffert de la désaffection des étrangers après l'attentat et dont l’activité tourne à nouveau au ralenti depuis la Révolution du Nil. Plusieurs dizaines d’entre eux avaient manifesté le 17 juin devant le gouvernorat pour dire "non au gouverneur terroriste". Pour protester contre la nomination de Khayat, le ministre du Tourisme, Hicham Zaazou, avait présenté sa démission, que le Premier ministre a dit avoir refusée.

Le retour de la Gama’a al Islamiya après la chute de Moubarak

Âgé d’une quarantaine d’années, Adel Mohamed al-Khayat dirigeait en 1997 une unité de la Gama’a al Islamiya dans une autre province le jour où un commando de six hommes a massacré devant le temple de la reine Hatchepsout 58 touristes étrangers, dont une majorité de ressortissants suisses. Les dirigeants historiques du groupe islamiste ont pris leurs distances avec les six terroristes, présentés par les experts comme des dissidents formés en Afghanistan par Al-Qaïda. La Gama’a al Islamiya, qui avait aussi été impliquée dans l’assassinat du président Anouar el-Sadate en 1981, a renoncé peu après à la lutte armée et dénoncé l’idéologie djihadiste d’Al-Qaïda.

Après s’être fait oublier pendant une décennie, la Gama’a al Islamiya est réapparue sur le devant de la scène au lendemain de la chute d’Hosni Moubarak pour demander la libération de son chef spirituel, le cheikh aveugle Omar Abdelrahman, emprisonné à vie aux États-Unis pour son rôle présumé dans un attentat au camion piégé contre le World Trade Center, à New York, en 1993.

Elle a par la suite fondé un parti politique, dont l’une des premières initiatives a été de réclamer l’interdiction de la vente d’alcool et des boîtes de nuit, mesures qui, si elles devaient être adoptées, ne seraient pas de nature à relancer l’activité touristique, vitale pour l’économie du pays.

Avec dépêches