
Les intempéries et crues exceptionnelles dans le Sud-Ouest de la France ont fait une troisième victime jeudi dans les Landes. À Lourdes, les sanctuaires sont dévastés, leur réouverture compromise pour cet été.
Les intempéries dans le Sud-Ouest ont fait une troisième victime jeudi, une femme noyée dans sa voiture emportée par les flots dans les Landes, tandis que la décrue dans la région laissait entrevoir des conséquences dramatiques à Lourdes, dont les sanctuaires sont dévastés.
Alors que l'alerte météo se déplaçait vers le nord-est de la France, une femme de 54 ans a été retrouvée peu après 7H00 noyée dans sa voiture, dans un champ de maïs bordant une route départementale pourtant interdite à la circulation, près du village de Cauneille, a-t-on appris auprès de la préfecture des Landes.
L'automobiliste a été emportée par une montée subite des eaux mercredi soir. Son appel de détresse vers 21h40 n'a pas suffi même si d'importants moyens, une trentaine de gendarmes et pompiers et un hélicoptère de gendarmerie mobilisé jusqu'à 1h00 du matin ont été déployés pour la retrouver.
La voiture une Clio, a été retrouvée à demi-immergée, à une centaine de mètres de la route d'où elle avait dérivé, a constaté sur place un correspondant de l'AFP.
"Encore une fois c'est malheureusement le résultat d'une incivilité, d'une personne qui s'était engagée sur une route barrée", a déclaré à la presse le préfet des Landes Claude Morel, déplorant que la majorité des interventions des pompiers mercredi aient porté sur des secours à des victimes engagées sur des routes barrées.
Le village de Cauneille est longé par le gave de Pau et rejoint à ce niveau le gave d'Oloron.
Le gave confirmait sa décrue jeudi matin, baissant d'un mètre (4,74 m à 3,82 m) au cours de la nuit dans le village de Peyrehorade, près de Cauneille.
La rivière devenue subitement puissant torrent mardi a fait deux morts en un peu plus de 24 heures dans les Hautes-Pyrénées, entraînant aussi la suspension des pèlerinages à Lourdes et l'évacuation de quelque 2.500 personnes.
Un homme de 75 ans, porté disparu mercredi après-midi, a été emporté par un torrent en crue à Luz-Saint-Sauveur. Dans la nuit de mardi à mercredi, une septuagénaire qui venait d'être évacuée de son domicile de Pierrefitte-Nestalas est également morte noyée: elle avait voulu retourner chez elle pour y chercher des effets personnels et sa voiture a été soulevée par une vague d'eau.
Réouverture des Sanctuaires compromise
Les Sanctuaires de Lourdes, haut lieu de pèlerinage catholique, ont été dévastés par cette crue du gave de Pau et leur réouverture pour la haute saison semblait compromise, a indiqué jeudi la direction des Sanctuaires.
"Aujourd'hui que l'eau se retire, on découvre au fur et à mesure les dégâts", a déclaré le directeur de la communication Mathias Terrier. "La catastrophe matérielle est telle qu'on ne voit pas aujourd'hui comment on pourrait rouvrir dans des conditions acceptables, et dans les semaines à venir, on ne le voit pas non plus", a-t-il dit.
Jeudi matin, les lignes SNCF entre Pau, Tarbes et Lourdes restaient d'ailleurs coupées, les inondations ayant fragilisé les talus sur lesquels reposent les voies ferrées, de même que les poteaux et signalisations qui y sont installés.
Le président de la FNSEA, Xavier Beulin, a estimé que les dégâts agricoles liés aux intempéries pourraient dépasser les 500 millions d'euros.
"Il faudra affiner tout ça mais on estime aujourd'hui que ça (les dégâts) pourra se monter à plus de 500 millions d'euros parce qu'il y a près de 300.000 hectares en France qui sont aujourd'hui ou bien détruits ou alors qui n'ont pas pu être sauvés", a-t-il déclaré sur Europe 1.
Quatre départements du Sud-Ouest restaient jeudi matin en vigilance orange pour les crues: Landes, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne et Pyrénées-Atlantiques. Les Pyrénées-Atlantiques ont été rétrogradées mercredi soir de vigilance rouge à orange.
Météo-France a par contre placé en vigilance orange 23 départements d'un grand quart nord-est pour les orages. De fortes averses orageuses étaient attendues, sans toutefois d'impact prévisible sur les cours d'eau.
Des vents violents ont touché les environs de Châtillon-sur-Seine (Côte-d'Or) mercredi soir, faisant des dégâts dans près de 150 maisons, certaines étant complètement détruites, ont indiqué jeudi les pompiers.
De 17H00 à 20H00 mercredi, la brigade de sapeurs-pompiers de Paris (BSPP) a par ailleurs reçu 6.462 appels liés à l'orage sur la région parisienne, soit autant qu'en 24 heures habituellement, selon un porte-parole.
Mercredi, le ministre de l'Intérieur Manuel Valls et sa collègue de l'Ecologie Delphine Batho étaient venus témoigner de leur solidarité envers les sinistrés lors d'une visite à Lourdes, déjà très durement touchée par les inondations en octobre 2012.
M. Valls a survolé en hélicoptère certaines des communes les plus endommagées et isolées par les intempéries.
La crue a laissé Lourdes "traumatisée" devant des dégâts qui devraient se chiffrer en dizaines de millions d'euros et la perspective d'une année touristique très difficile, a dit à l'AFP son maire, Jean-Pierre Artiganave (UMP), estimant que la crue a peut-être dépassé la crue record de 1937 (5,30 m).
AFP