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"On assiste à un bras de fer entre deux Turquie"

La police turque a évacué, samedi soir, les milliers de manifestants qui occupaient le parc Gezi, bastion des opposants à Istanbul. Le chef du gouvernement a prévu, cet après-midi, une nouvelle démonstration de force dans un parc d'Istanbul.

La police turque a investi, samedi soir, le parc Gezi où campaient des milliers d’opposants au Premier ministre Recep Tayyip Erdogan. L’opération menée à grand coup de grenades de gaz lacrymogène a eu lieu vers 21 heures locales, quelques heures après un nouvel ultimatum du leader turc.

On a assisté à une intervention éclair, rapporte Mehdi Chebil, envoyé spécial à Istanbul pour FRANCE 24. "Il n'y a eu aucune résistance de la part des manifestants, le parc Gezi a été déserté en trente minutes par la police qui a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes." De nombreuses tentes ont été détruites et les forces de police ont complètement bouclé le parc afin d’empêcher les manifestants de revenir dans ce bastion de la contestation anti-gouvernementale.

"Le parc Gezi transformé en zone de guerre"

La police a poursuivi des sympathisants dans les ruelles adjacentes au parc, donnant lieu à quelques affrontements. "Dès 22 heures, un face à face tendu a eu lieu entre quelque 200 manifestants retranchés dans un hôtel luxueux, situé près du parc, et les forces de l'ordre qui ont gazé le hall du bâtiment". Les heurts n’ont pris fin qu’à l’aube. Le gouverneur d'Istanbul Huseyin Avni Mutlu a évalué le nombre des blessés à 29.

Le collectif Solidarité Taksim a condamné l'opération, qui "a transformé le parc Gezi, Istanbul et le pays en zone de guerre". "Cette attaque brutale de la police doit s'arrêter. Le parti au pouvoir sera tenu pour responsable des événements", a-t-il ajouté.

Cette nouvelle intervention a "remis le feu aux poudres", estime Fatma Kizilboga, correspondante de FRANCE 24 en Turquie. "La tension s'est ravivée et les rangs vont se grossir dans le camp des manifestants", poursuit la correspondante de FRANCE 24 qui parle d'"une épreuve de force entre deux Turquie". L'envoyé spécial de FRANCE 24 confirme qu'"un bras de fer s'engage entre les deux camps".

"Le pays est dans une impasse"

De son côté, le chef du gouvernement a prévu une nouvelle démonstration de force dimanche après-midi dans un parc d'Istanbul, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau seulement de la place Taksim. Des dizaines de milliers de sympathisants de son Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) y sont attendus. Un premier rassemblement géant de la majorité silencieuse avait eu lieu samedi à Ankara.

Pour sa part, l'un des principaux syndicats du secteur public en Turquie a annoncé samedi qu'il allait lancer un appel à la grève générale lundi. "Le pays est dans une impasse", a constaté Fatma Kizilboga.