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, envoyé spécial à Los Angeles – Pour les éditeurs de jeux vidéo, les nouvelles consoles sont synonymes d'importants investissements en amont afin de ne pas rater le coche. Yves Guillemot, PDG du géant français Ubisoft, explique à FRANCE 24 la stratégie de son groupe.
Dans les coulisses de la guerre que se livrent les nouvelles consoles à l'E3 de Los Angeles, les éditeurs de jeux vidéo font face à des choix cornéliens. Sur quel cheval miser ? Faut-il être présent sur tous les fronts, ce qui nécessite des investissements colossaux ? Vaut-il mieux attendre de voir comment la PS4 et la Xbox One vont être accueillies par le public avant de se lancer ?
Electronic Arts, Activision ou encore Ubisoft s’activent depuis belle lurette déjà pour définir la meilleure stratégie à adopter. L'enjeu ? Ne pas rater une miette de la révolution vidéoludique annoncée quand la Xbox One et la Sony rejoindront, en fin d'année, la Wii U afin de compléter le tableau du jeu vidéo de nouvelle génération.
Yves Guillemot, PDG d’Ubisoft, explique à FRANCE 24 comment le leader européen des éditeurs de jeux vidéo s’est préparé à ce grand bouleversement d’un secteur qui avait peu bougé depuis plus de six ans.
FRANCE 24 : Comment vous êtes-vous préparés à l’arrivée des nouvelles consoles Xbox One et PS4 ?
Yves Guillemot : Chez Ubisoft, on anticipe l’arrivée des consoles. On démarre donc avant que les constructeurs nous en parlent parce qu’on s’y attend et on développe ainsi des outils [technologiques, NDLR] qui nous permettent d’être prêt à temps.
On analyse tout ce que ces nouvelles plateformes vont pouvoir apporter ainsi que les nouveautés qui ont été mises en place aussi bien sur smartphone que sur PC depuis l’avénement de la dernière génération de consoles. Nous savons ainsi dans quel environnement et de quels outils nous allons disposer pour développer des jeux.
Ensuite on travaille avec les équipes de développement pour préparer les contenus de nouveaux jeux qui vont pouvoir s’adapter aux évolutions possibles du secteur et à l’innovation technologique qui va invariablement découler de l’arrivée des PS4 et Xbox One.
FRANCE 24 : Développer un jeu pour PS4 ou Xbox One est ce différent que pour les anciennes consoles ?
Y. G. : Oui, la manière de faire des jeux a changé. Dans les dernières années, on avait des studios un peu partout dans le monde qui faisaient chacun de leur côté des jeux complets, plus ou moins ambitieux. Pour s’adapter aux exigences des nouvelles plateformes, nous avons organisé le travail, pour un même jeu, autour d’un studio “lead” (qui supervise le projet) et d’autres qui sont associés. De cette façon, on est capable de faire des grands jeux, ce qui est nécessaire quand on veut se faire une place sur des nouvelles plateformes très puissantes. Créer un jeu vidéo peut mobiliser jusqu'à 700 personnes dans six à sept studios de développement différents qui travaillent ensemble sur un même projet.
FRANCE 24 : On parle beaucoup de la Xbox One et de la PS4, mais qu’en est-il de la Wii U de Nintendo ? Electronic Arts, le deuxième éditeur de jeux vidéo au monde, a laissé entendre qu’il ne développerait plus de jeu pour cette plateforme suggérant qu’elle est déjà un échec...
Y. G. : Je ne pense pas que la Wii U soit condamnée et si Nintendo fait ce qu’il faut, sa console peut très bien remonter la pente. D’ailleurs, nous continuons à la soutenir puisque nous avons plusieurs jeux majeurs, comme Assassin’s Creed, Watch Dogs ou encore Rayman, qui vont sortir sur Wii U. Cet E3 est important pour Nintendo et il est intéressant de voir les jeux qu’il va présenter cette année au salon. Le constructeur est arrivé à Los Angeles avec ses cinq plus grosses franchises [Zelda, Pikmin, Super Mario, etc. NDLR].
En outre, le yen a baissé [donc les exportations sont moins onéreuses pour Nintendo, NDLR]. Cela donne une marge de manœuvre à Nintendo qui pourra utiliser cet appel d’air financier pour relancer sa machine.