Après huit jours de manifestation en Turquie, l'Union européenne a rappelé à l'ordre Ankara au sujet des violences policières. Pour les Européens, les protestataires ont un droit légitime d'exprimer leur opposition.
Alors que les manifestants ont occupé pour la huitième journée consécutive la place Taksim d’Istanbul, l’Union européenne (UE) a pris leur défense face au Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. Les Européens ont rappelé à Ankara que les manifestants avaient un droit légitime d’exprimer leur opposition.
"Le recours excessif à la force n’a pas sa place dans une démocratie", a ainsi lancé le commissaire européen à l’élargissement, Stefan Füle, à l’attention du chef du gouvernement turc lors d’une conférence à Istanbul sur l’Europe. Il a aussi demandé une enquête "rapide et transparente" sur les violences policières qui ont émaillé les rassemblements.
La chancelière allemande, Angela Merkel, a également haussé le ton contre les autorités turques, en insistant sur la nécessité "de discuter des problèmes avec les jeunes du pays" et en exigeant "qu’aucune violence ne soit exercée contre les manifestants".
Un geste d’apaisement d’Erdogan
En réponse à ces critiques, Recep Tayyip Erdogan a dénoncé "le deux poids, deux mesures" de ses voisins européens. "Dans n’importe quel pays d’Europe, lorsqu’il y a une protestation violente contre un projet de démolition de ce genre, croyez-moi, ceux qui sont impliqués subissent une répression plus sévère", a-t-il déclaré en faisant référence à la destruction annoncée du parc Gezi qui a mis le feu aux poudres.
Mais devant le Forum international auquel participait le commissaire européen à l’élargissement, le Premier ministre turc s’est aussi montré plus conciliant. Alors que la veille, il avait exigé devant ses partisans la fin immédiate des manifestations, il s'est dit aujourd'hui prêt à entendre toutes les "revendications démocratiques".
Poursuite des manifestations
Au même moment, les manifestations se poursuivaient au cœur d’Istanbul. Des dizaines de milliers de personnes sont toujours réunies sur la place Taksim pour réclamer la démission de Recep Tayyip Erdogan à qui elles reprochent une mainmise du pouvoir.
"Nous ne partirons pas, a affirmé à l’AFP un manifestant. Les gens vont continuer à venir. Nous n’avons peur de rien, avant tout le monde craignait de parler, maintenant c’est fini."
Selon un dernier bilan, ce mouvement de contestation a causé la mort de deux manifestants et d’un policier. Les heurts auraient également fait 4 785 blessés en une semaine.
Avec dépêches