
Quelques heures après la reprise de la ville de Qousseir par l’armée syrienne, des roquettes ont été tirées depuis la Syrie sur la ville libanaise de Baalbeck. Une agression qui fait craindre un débordement du conflit syrien.
Plus que jamais, le conflit syrien menace de déborder au Liban voisin. Dans la soirée du mercredi 5 juin, cinq roquettes tirées depuis la Syrie ont frappé le cœur de la ville de Baalbeck dans l’est du Liban, un bastion du Hezbollah, qui soutient le régime syrien. Selon une source de sécurité citée par l’AFP, trois roquettes sont tombées dans le centre de Baalbek, blessant deux personnes, et deux autres près des ruines romaines, principale attraction touristique de la ville. D'autres roquettes sont également tombées à l’extérieur de la ville, a ajouté la même source.
Aussitôt après l’attaque, des hommes armés ont investi les rues de la ville tandis que
L'armée syrienne a repris jeudi le contrôle du point de passage de Qouneitra, sur la ligne de cessez-le-feu avec Israël sur le plateau du Golan, brièvement tombé dans la matinée aux mains des rebelles, a annoncé une source de sécurité israélienne.
(Source AFP)
d'autres se sont dirigés vers la frontière proche, selon la source de sécurité. "Beaucoup d'hommes se sont rendus sur la frontière, et nous sommes prêts à les rejoindre, pour défendre le Liban" contre les rebelles syriens, a déclaré à l’AFP Ali Abu Zahi, un habitant de Baalbek âgé de 40 ans.
Cette attaque est survenue quelques heures à peine après la reprise en main de la ville de Qousseir, par l’armée syrienne appuyée par les combattants de la puissante milice chiite. Située près de la frontière libanaise, Qousseir était un fief des rebelles qui combattent le régime de Bachar al-Assad depuis plus de deux ans. Sa chute constitue une défaite cuisante pour la rébellion.
Les rebelles mettent leur menace à exécution
L’intervention du Hezbollah aux côté des forces de Bachar al-Assad a suscité l’ire de la Coalition nationale syrienne, principale instance de l’opposition qui a "évoqué une invasion étrangère". Elle a également été dénoncée par les puissances occidentales. Le 1er juin, le chef de l’Armée syrienne libre, le général Salim Idriss avait prévenu le président libanais Michel Sleiman, que si le Hezbollah libanais ne se retirait pas de Syrie, "les rebelles syriens les pourchasseraient jusqu’au Liban", reprochant aux autorités libanaises leur impuissance à empêcher le Hezbollah d’intervenir en Syrie.
Pour Badih Qarani, correspondant de FRANCE 24 à Beyrouth, "cette attaque est directement liée à la reprise de Qousseir par le régime". "L’ASL et les rebelles ne font que mettre leurs menaces à exécution. Ils avaient déjà annoncé qu’ils cibleraient le cœur du Liban et plus particulièrement les zones favorables au Hezbollah en représailles à l’engagement de ce dernier aux côté des forces du régime syrien", rappelle-t-il.
La guerre civile en Syrie exacerbe les tensions au Liban voisin, profondément divisé entre partisans et opposants au régime de Bachar al-Assad. Des affrontements ont eu lieu à plusieurs reprises à Tripoli entre sunnites et alaouites, et plusieurs roquettes ont déjà été tirées en représailles sur la localité libanaise de Hermel, bastion du Hezbollah située sur la frontière, mais c’est la première fois que la ville de Baalbek est ciblée.