Au sixième jour de la contestation, des dizaines de milliers de personnes se sont mobilisées en Turquie. Ils réclament la démission du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, qui doit rentrer jeudi après une tournée au Maghreb.
Deux importants syndicats ont mobilisé, ce mercredi, dans la plupart des grandes villes turques, des dizaines de milliers de personnes venues grossir les rangs des manifestants qui réclament depuis six jours la démission du Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan.
Dans la capitale, Ankara, plus de 10 000 manifestants ont ainsi défilé aux cris de "Dégagez la route, les révolutionnaires arrivent !" ou "Taksim est partout !", en référence à la célèbre place stambouliote devenue symbole de la révolte.
Toujours dans la capitale, la police turque a tiré des grenades lacrymogènes et fait usage d'un canon à eau pour disperser des manifestants dans le centre-ville. Des ambulances ont évacué au moins quatre personnes incommodées et le gaz a pénétré dans des restaurants du voisinage, a constaté un photographe de l'AFP. Tôt mercredi matin, au moins 25 personnes ont été interpellées à Izmir (ouest) pour avoir répandu sur le réseau social Twitter des "informations trompeuses et diffamatoires", a rapporté l'agence de presse Anatolie. Toutefois, Ali Engin, un responsable local du principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), a déclaré que les suspects étaient détenus pour avoir "appelé les gens à manifester".
Erdogan attendu jeudi en Turquie
Dans l'attente du retour, jeudi, en Turquie de M. Erdogan, en visite officielle au Maghreb, les contestataires semblent résolus à rester mobilisés, malgré les "excuses" présentées par le vice-Premier ministre Bülent Arinç aux victimes des brutalités policières.
À l'issue d'une rencontre avec ce dernier à la mi-journée à Ankara, des représentants des manifestants ont exigé du gouvernement le renvoi des chefs de la police de plusieurs grandes villes, dont Istanbul et Ankara. Ils ont en outre réclamé pêle-mêle la remise en liberté des personnes interpellées, l'abandon du projet d'aménagement de la place Taksim - à l'origine de la révolte -, l'interdiction des gaz lacrymogènes et un meilleur respect de la liberté d'expression dans le pays.
L'un de leurs porte-parole, Eyüp Mumcu, a indiqué à la presse que la réponse du gouvernement à ces demandes déciderait de la suite du mouvement de protestation.
Par ailleurs, les manifestants ont reçu, ce mercredi, le soutien du célèbre écrivain turc Orhan Pamuk, prix Nobel de littérature en 2006. Dans un texte publié par le quotidien "Hürriyet", il dénonce l'attitude "de plus en plus autoritaire et répressive" du gouvernement islamo-conservateur turc et rend hommage aux manifestants stambouliotes.
Avec dépêches