"Hell Hole", le taudis en français, documentaire réalisé par un journaliste sud-africain, révèle les conditions de vie sordides des détenus zimbabwéens. Le ministre de la Justice du Zimbabwe a reconnu des dysfonctionnements.
Diffusé le 31 mars dans "Special Assignement ", l’émission de reportage de la chaîne sud-africaine SABC3, le sujet intitulé "Hell Hole" (le taudis), consacré aux conditions de vie dans les prisons au Zimbabwe, choque.
"Nous avons dû faire de longues recherches avant d'obtenir ces images", raconte Godknows Nare, un des auteurs du reportage. "Cela a pris plusieurs mois, j'ai dû aller à Messina puis traverser la frontière pour aller au Zimbabwe. J'ai ensuite pris contact avec des personnes qui avaient accès au système pénitencier, et c'est ainsi que j'ai pu utiliser certains détenus pour filmer l'intérieur des prisons."
Les images, tournées grâce à une caméra cachée, révèlent des détenus rachitiques et des installations insalubres. En guise de nourriture, les prisonniers obtiennent quotidiennement une poignée de bouillie à base de semoule de maïs.
Au moins 20 détenus meurent chaque jour, selon une ONG
Selon un rapport publié par l’Association zimbabwéenne de prévention de la criminalité et de réhabilitation du délinquant, une organisation non-gouvernementale de défense du droit des prisonniers, au moins 20 détenus meurent chaque jour dans les prisons du pays.
Quelques jours avant la diffusion du reportage, Patrick Chinamasa, le ministre de la Justice zimbabwéen, a reconnu devant le Parlement les conditions de vie déplorables des quelque 14 000 détenus du pays. "Les prisons sont les premières touchées par les difficultés économiques", a-t-il déclaré, admettant qu’il y avait des cas de "malnutrition".
A sa sortie de prison le 12 mars, Roy Bennett, le vice-ministre de l’Agriculture et proche du Premier ministre Morgan Tsvangirai issu de l’opposition, a déploré les conditions de vie en milieu carcéral. "De graves violations des droits humains sont commises derrière ces murs, a-t-il déclaré à des médias locaux. Cinq personnes sont mortes pendant mon séjour en prison et les responsables de la prison ont mis quatre ou cinq jours à retirer les corps. Ce qui se passe là-bas est lamentable."