"Je ne m’associerai pas à un sommet qui se conclurait par de faux compromis", a averti Nicolas Sarkozy à la veille de G20. Le président français entend mettre la pression pour davantage de régulation dans le système financier mondial.
AFP - A quelques heures du début du sommet du G20, mercredi soir à Londres, Nicolas Sarkozy a continué à mettre la pression pour davantage de régulation dans le système financier mondial, affirmant que "le compte n'y est pas" pour la France et l'Allemagne.
La réunion des vingt premières économies, avancées et émergentes, mondiales, destinée à trouver des solutions pour enrayer la crise économique, devait débuter dans la soirée par un dîner des chefs d'Etat et de gouvernement, notamment le président américain Barack Obama, dont c'est la première visite en Europe depuis son élection.
Interrogé sur Europe 1 pendant près de quarante minutes, le chef de l'Etat a redit qu'il ne s'associerait "pas à un sommet qui se conclurait par un communiqué de faux compromis, qui ne traiterait pas les problèmes qui nous occupent".
Selon lui, "aucun accord" n'était encore "stabilisé", à l'issue des dernières tractations entre conseillers sur le communiqué final. "En l'état actuel les projets ne conviennent ni à la France ni à l'Allemagne", a-t-il déclaré. "Le compte n'y est pas" mais les sherpas des chefs d'Etat poursuivent les discussions, a-t-il précisé.
Mardi, sa ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait affirmé sur la BBC qu'il s'était dit prêt à "quitter" le G20 "si les résultats escomptés (n'étaient) pas là". "Je crois qu'il est très déterminé".
le chef de l'Etat a toutefois tempéré les propos rapportés par Mme Lagarde. "La politique de la chaise vide marquerait un échec qui serait celui du sommet, je ne veux pas croire qu'on arriverait à ça".
C'est "un capitalisme financier sans principe, sans morale", qui a précipité le monde dans une crise financière puis en crise économique, a-t-il redit. A "l'absence de règlement", il faut donc substituer de "nouvelles règles", même s'il ne s'agit pas de "passer de passer de pas assez de règles à trop de règles".
Parmi les points sur lesquels Paris veut des progrès, M. Sarkozy, qui doit enfoncer encore une fois le clou en tenant à Londres dans l'après-midi une conférence de presse avec Mme Merkel, a notamment évoqué la question des paradis fiscaux, jugeant qu'il "serait parfaitement inacceptable que des décisions concrètes ne soient pas mises en oeuvre dans les jours" qui suivront ce sommet.
Parmi les pays "les moins enthousiastes" sur cette question, il a visé plus particulièrement la Chine, citant Hong Kong et Macao, ainsi que Singapour, et a fait allusion à "la position traditionnelle anglo-saxonne" de "tolérance vis-à-vis des paradis fiscaux". "J'ai approuvé le texte du président Obama" sur le sujet "mais maintenant, il faut des faits", a-t-il martelé.
A quelques heures de sa première rencontre avec le président américain, qu'il retrouvera vendredi et samedi à Kehl (Allemagne) puis Strasbourg pour le soixantième anniversaire de l'Otan, Nicolas Sarkozy s'est également défini comme un "ami des Etats-Unis", mais "un ami debout", "un ami indépendant".
Ainsi, à propos de l'Afghanistan où les Français sont présents aux côtés des Américains dans le cadre de l'alliance atlantique, M. Sarkozy a réaffirmé qu'il n'enverrait "pas de renforts militaires" mais que la France aiderait "à la construction d'une gendarmerie afghane".
Plus globalement, M. Sarkozy a jugé que "les Français en (avaient) plus qu'assez d'une pensée convenue, d'une pensée unique". Quant aux sondages plutôt mauvais pour lui, il s'est dit "assez occupé" pour ne pas avoir à "les commenter".