À quelques heures de sa rencontre à Paris, ce jeudi, avec Angela Merkel, François Hollande est décrié par la classe politique allemande, après ses déclarations "désobligeantes" sur les exigences de Bruxelles concernant la réforme des retraites.
C'est ce qui s'appelle recevoir une volée de bois vert. Alors que la chancelière Angela Merkel est attendue à Paris, ce jeudi, pour adopter une motion sur la croissance et l'emploi, François Hollande est attaqué par plusieurs partis allemands, choqués par une critique jugée "inappropriée" à l'encontre de la Commission européenne.
Le président français a déclaré, mercredi, que "la Commission (européenne) n'a pas à dicter" à la France ce qu'elle a "à faire", après que Bruxelles a demandé à Paris d'entamer la réforme des retraites dès cette année, en échange du délai supplémentaire de deux ans pour ramener son déficit en dessous de 3 %.
"La réaction de Hollande montre le désespoir considérable de son gouvernement qui, un an après son arrivée au pouvoir, n'a pas encore trouvé de réponses efficaces aux problèmes économiques et financiers de son pays", a déclaré Andreas Schockenhoff, vice-président du groupe parlementaire des conservateurs (CDU/CSU), dans un communiqué.
Hollande "secoue les fondements de l'UE"
"La critique violente du président français contredit l'esprit et les textes des accords et traités européens (...). Quelqu'un qui parle comme ça secoue les fondements de l'UE", a jugé celui qui préside le groupe d'amitié franco-allemand au Bundestag, la chambre basse du Parlement.
Sa critique "est d'autant plus incompréhensible que la Commission européenne fait preuve de particulièrement d'égards quant à la situation française et veut pousser à ce que soient entreprises en profondeur les réformes structurelles nécessaires" dans ce pays, a ajouté Andreas Schockenhoff.
"La France doit affronter ses problèmes structurels"
Une analyse partagée par d'autres formations politiques outre-Rhin. "Hollande n'a toujours pas compris qu'il n'est pas seul sur terre", rappelle ainsi un des responsables des conservateurs au Parlement européen, le Bavarois Manfred Weber (CSU). "C'est enfin à lui de faire ses devoirs et d'affronter les problèmes structurels de la France, au lieu de chercher à Berlin ou Bruxelles les coupables", insiste Manfred Weber dans un entretien accordé, ce jeudi, au site internet de l'hebdomadaire allemand Der Spiegel.
Quant au président du groupe parlementaire des libéraux (FDP, petit partenaire de la coalition gouvernementale de Mme Merkel), Rainer Brüderle, il n'a pas hésité à qualifier la première année de pouvoir de présidence socialiste "d'année perdue". L'Europe "ne peut attendre plus longtemps la France", rappelle-t-il dans un entretien au quotidien allemand Rheinische Post paru ce jeudi.
Insistant sur l'importance de la mise en œuvre de réformes structurelles, Rainer Brüderle s'est dit "certain que la chancelière" allait "clairement aborder le sujet en interne, comme on le fait entre amis".
Avec dépêches