
Alors que les forces régulières syriennes, épaulées par le Hezbollah, continuent de gagner du terrain dans la ville stratégique de Qousseir, les États-Unis dénoncent l'intervention du mouvement chiite libanais dans le conflit syrien.
"Inacceptable" et "dangereux". Tels sont les termes employés par la porte-parole du département d'État, Jen Psaki, pour qualifier l'engagement du Hezbollah dans le conflit syrien. "Nous exigeons du Hezbollah qu'il retire tout de suite ses combattants de Syrie", a-t-elle tancé, mercredi 29 mai, lors de son point de presse quotidien.
L'engagement du mouvement chiite libanais aux côtés des forces régulières du président Bachar al-Assad suscite une vague de contestations. Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a également condamné l'intervention du "parti de Dieu", sans le nommer. La résolution, qui a été adoptée par 36 voix contre 1, fustige "l'intervention de combattants étrangers qui luttent pour le compte du régime syrien à Qousseir" et a demandé une enquête de l'ONU sur les violences dans cette ville.
Dans la journée, l'armée syrienne a indiqué s'être emparée totalement de l'ancien aéroport de Dabaa, près de la ville stratégique de Qousseir. Une opération menée avec l'aide de combattants du Hezbollah, rappelle l'OSDH, qui a constaté l'envoi de renforts du Hezbollah et des forces spéciales syriennes pour prendre le dernier carré de cette ville.
"3 000 à 4 000 combattants du Hezbollah"
Le Hezbollah, un des plus importants partis politiques libanais, disposant d'une branche armée, s'est investi à la demande de son mentor iranien qui veut maintenir au pouvoir son allié Bachar al-Assad, au risque de ternir son image dans le monde arabe, où il était devenu très populaire après la guerre contre Israël en 2006. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, estime que "3 000 à 4 000 combattants" du Hezbollah déployées aux côtés des hommes de Bachar al-Assad.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait fait savoir dimanche qu'il était "profondément inquiet" face au rôle grandissant du Hezbollah dans la guerre civile en Syrie, "ainsi que des risques de débordement au Liban".
La participation de la CNS incertaine
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 104 combattants du Hezbollah ont été tués en huit mois dans la guerre en Syrie, alors qu'une source au sein du mouvement chiite comptabilise 75 morts durant la même période.
Par ailleurs, la Coalition nationale syrienne (CNS), l'opposition en exil, a conditionné mercredi sa participation à la conférence de paix que les États-Unis et la Russie souhaitent organiser à Genève à l'adoption d'une date butoir pour parvenir à un accord politique qui prévoirait le départ de Bachar al Assad.