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Le numéro deux des Taliban pakistanais tué par un tir de drone américain

Un drone américain a tué Wali ur-Rehman, le bras droit du chef des Taliban pakistanais, mercredi dans la zone tribale du Nord-Waziristan, ainsi que six autres personnes, affirment des responsables des services de sécurité pakistanais.

Wali ur Rehman, numéro deux des taliban pakistanais, a été tué mercredi par un  drone américain au Nord-Waziristan, zone tribale du nord-ouest du Pakistan, a-t-on appris auprès de trois responsables des services de sécurité.

Six autres personnes ont trouvé la mort dans cette opération, qui était la première du genre depuis les élections législatives du 11 mai, selon le bilan avancé par les autorités pakistanaises. Les raids de drones ont été l'un des principaux thèmes de la campagne.

Wali ur Rehman devait succéder à Hakimullah Mehsud à la tête du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), ou Mouvement des taliban pakistanais, avait indiqué en décembre un haut responsable militaire basé dans le Sud-Waziristan, autre zone tribale frontalière de l'Afghanistan. Les actes de guérilla du mouvement ont fait de nombreuses victimes dans les rangs de l'armée comme parmi les civils.

"Il s'agit d'un coup sévère porté aux activistes et d'une victoire dans la lutte contre les insurgés", a observé un membre des services de sécurité interrogé par Reuters.

Selon son porte-parole Ihsanullah Ihsan, également joint par Reuters, le TTP n'a pas eu confirmation de la mort de Wali ur Rehman.

Baitullah Mehsud, alors commandant des taliban, a été tué en 2009 par un drone américain. La mort de son successeur, Hakimullah Mehsud, a été annoncée à plusieurs reprises, mais l'information s'est avérée fausse.

Mercredi, le drone a tiré deux missiles qui se sont abattus sur une maison de pisé à Chashma, village situé à trois km à l'est de Miranshah, chef lieu du Nord-Waziristan, selon les services de sécurité et des chefs tribaux qui font état de sept morts et de quatre blessés.

"Corps méconnaissables"

"Les corps sont très abîmés et méconnaissables", a déclaré un habitant.

Le bilan des raids de drone est souvent difficile à vérifier. Les journalistes étrangers doivent obtenir l'autorisation de l'armée pour se rendre dans les zones tribales pachtounes qui jouxtent la frontière afghane et les taliban interdisent souvent l'accès aux sites bombardés, y compris aux reporters locaux.

"Les taliban restent silencieux et ne démentent ni ne confirment l'information, ce qui est étrange en soi. Mais, si elle est vrai, l'armée pakistanaise va devoir remercier les
Etats-Unis", a souligné Salim Safi, un bon connaisseur du mouvement.

Islamabad n'a pas non plus confirmé la mort de Wali ur Rehman, mais le ministère des Affaires étrangères à une fois de plus dénoncé les raids de drone.

"Le gouvernement maintient que les raids de drone sont contre-productifs, qu'ils coûtent la vie à des innocents, qu'ils portent atteinte aux droits de l'homme et à la situation humanitaire et qu'ils violent la souveraineté nationale", a-t-il déploré.

Le Premier ministre, Nawaz Sharif, revenu aux affaires à l'occasion des législatives du 11 mai, a quant à lui parlé récemment de "défi" lancé à la souveraineté du Pakistan.

"Nous allons nous asseoir à la table de nos amis américains et parler avec eux de cette question", a-t-il ajouté.

REUTERS