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Manif' pour tous : la fin d'un mouvement ?

Les anti-mariage gay ont à nouveau défilé dimanche dans les rues de Paris. Baroud d'honneur ou début d'une nouvelle phase de mobilisation ? Des divisions subsistent sur l'avenir à donner au mouvement.

Qu'ils aient été 150 000, selon la préfecture, ou un million, selon les organisateurs, les participants à la Manif' pour tous dressent un bilan positif de leur action et ne comptent pas en rester là. Si aucune nouvelle date de manifestation n'est prévue, "l’élan du mouvement est lancé", assure Marie-Camille Richard, responsable de la communication du mouvement anti-mariage gay. "Nous prévoyons d’organiser des universités d’été dès le mois de septembre, peut-être une caravane d’été et de nombreuses autres petites actions liées à la PMA et la GPA qui se feront dans le calme et la joie", précise la jeune organisatrice.

 Frigide Barjot : "Pour moi, c’est terminé"

Un discours qui tranche avec les déclarations de l’égérie du début du mouvement, Frigide Barjot, qui a annoncé dimanche sur BFM-TV qu’elle jetait l’éponge. "Pour moi, c'est terminé, ça a fait son temps, ça ne marche plus", a-t-elle déclaré. "Demander le retrait de la loi Taubira, ce n'est plus possible. [...] Il s'agit de droits accordés à des personnes humaines." Absente du dernier rassemblement anti-mariage gay, la porte-parole du mouvement regrette la récupération politique qui en a été faite. Parmi les manifestants, "il y a des extrémistes qui viennent s'infiltrer et cherchent à faire du désordre. Et il y a l'UMP qui fait son marché, cherche des militants", a-t-elle expliqué.

Un dernier regret que ne partage pas tout le monde. Isabelle Lievaud, venue en famille de Saint-Germain-en-Laye, espère bien que les élus politiques s’empareront du mouvement. "À quoi bon manifester si l’on n’attend rien des politiques?", lance la jeune mère de famille.

"J’attends le retrait de la loi"

Comme d’autres jeunes, Loïc, venu spécialement de Nogent-le-Roi, veut encore croire au retrait de la loi Taubira. "En manifestant aujourd’hui, je montre, comme beaucoup d’autres, que je ne suis pas d’accord avec le gouvernement. J’espère être entendu et que l’on reviendra sur la loi maintenant ou plus tard."

D’autres, en revanche, n’y croient plus mais restent malgré tout mobilisés. Maud, 33 ans, Caroline, 24 ans, et Margot, 22 ans, participeront au rassemblement des Veilleurs. Armées de petites bougies, accompagnées de textes poétiques, les trois jeunes femmes prolongeront le mouvement à travers ces moments de réflexion pacifique. "Nous continueront également à échanger sur les réseaux sociaux pour que notre mouvement ne soit pas limité à Paris et à aujourd’hui mais dépasse les frontières", expliquent les trois amies.

"Nous saurons nous faire entendre aux prochaines élections municipales"

Beaucoup de manifestants attendent surtout que soit lancé un débat public autour des questions bioéthiques en général. "L’enjeu est maintenant d’informer les Français pour qu’ils comprennent que les questions autour de la PMA et la GPA ne sont pas anodines", estime Bénédicte, une jeune manifestante de 33 ans. "En tout cas, si on ne nous a pas écoutés cette fois-ci, nous saurons nous faire entendre lors des prochaines élections municipales ! Et de conclure : "Nous ne voterons pas pour ceux qui nous ont laissés tomber".