
Malgré la promulgation de la loi il y a huit jours, les opposants au mariage homosexuel commencent à défiler une nouvelle fois ce dimanche à Paris. Les autorités redoutent des débordements d'éléments extrémistes.
La loi est promulguée depuis huit jours et le premier mariage gay sera célébré mercredi à Montpellier, mais les détracteurs de cette "loi Taubira" n'ont pas renoncé à une nouvelle démonstration de force, dans un climat particulièrement tendu.
La préfecture de police, très critiquée après les violences qui ont gâché le 13 mai la fête du PSG, va mobiliser 4 500 policiers et gendarmes pour encadrer les quatre cortèges prévus dans la capitale - trois organisés par le collectif "la Manif pour tous" et un par l'institut Civitas, proche des catholiques intégristes.
itAvec trains et cars venus de province, "la Manif pour tous" table sur une participation semblable à celle de sa manifestation du 24 mars, lorsqu'elle avait mis "plus d'un million de personnes dans la rue". La police s'attend à environ 200 000 manifestants et chiffre à quelques centaines les "ultras" qui pourraient vouloir en découdre. Samedi soir, une cinquantaine de militants anti-mariage gay ont été interpellés lors d'une manifestation surprise en plein milieu des Champs-Élysées.
Les opposants en ordre dispersé
Depuis plusieurs jours, la figure de proue de la contestation elle-même, Frigide Barjot, visiblement dépassée par sa droite, s'est déclarée menacée et privée de liberté de parole, au point, a-t-elle répété samedi, de renoncer à défiler dimanche.
Les opposants les plus radicaux sont désormais regroupés sous l'appellation "Printemps français", nébuleuse que le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a menacé de dissoudre en raison de ses excès et de sa "phraséologie factieuse".
"Monsieur Valls ne nous fera pas taire, les menaces ne nous font pas peur !", lançait vendredi soir Béatrice Bourges, porte-parole de ce Printemps français qui prône des actions coup de poing plus musclées que les opérations "bisounours" de Frigide Barjot.
Le PS appelle les leaders de droite à renoncer à manifester
La tension est encore montée d'un cran samedi, le gouvernement et l'UMP s'accusant mutuellement d'attiser les tensions.
itLe Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, visant clairement le président de l'UMP Jean-François Copé, a reproché aux responsables du principal parti d'opposition de "prendre une lourde responsabilité" en appelant à manifester, "provoquant la crispation et la radicalisation".
Le président de l'UMP, avec plusieurs ténors du parti (Henri Guaino, Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez), est de ceux qui prendront part à la manifestation pour témoigner de leur opposition à la loi sur le mariage gay et "plus globalement à la politique familiale du gouvernement".
Jean-François Copé ne cache pas son souhait d'attirer vers l'UMP cette nouvelle "génération" politique descendue dans la rue contre le mariage homosexuel, l'étape suivante devant selon lui être dans les urnes, aux municipales de 2014.
Le Front national de son côté n'a donné aucune consigne, mais aura aussi une délégation dans la manifestation, en présence notamment de la députée Marion Maréchal-Le Pen.
Mises en garde
Manuel Valls, répétant lui aussi son "inquiétude" face aux risques de débordements, a "déconseillé" samedi "aux familles avec des enfants de se rendre à la manifestation".
Le président de l'UMP a appelé en retour MM. Ayrault et Valls à "reprendre leurs esprits", déplorant ces "tentatives inacceptables de pression et d'intimidation".
Les responsables de la "Manif pour tous" ont eux aussi accueilli les mises en garde du gouvernement comme "des propos alarmistes" destinés à "intimider" et "démobiliser, à la veille d'une manifestation de masse".
"'La Manif pour tous' comprend l'angoisse du gouvernement : une foule immense sera bien là demain", a dit le mouvement dans un communiqué diffusé samedi soir. Mais cette foule, assure-t-il, "sera aussi déterminée que pacifique et paisible".
Les trois cortèges de la "Manif pour tous" doivent converger vers l'esplanade des Invalides, où leur dispersion est prévue en fin d'après-midi.
Mais les "Veilleurs", qui prônent une "résistance pacifique", ont d'ores et déjà appelé à prolonger la soirée sur place, et c'est souvent après la fin officielle des manifestations que des débordements ont eu lieu à plusieurs reprises depuis le début de la contestation, à l'automne dernier.
Avec dépêches.